VIE  ÉCONOMIQUE de GLÉNAC

  

Carrière des Taillis - MInes de Roussimel - Mines de Sourdéac -Les Communs - Les Palis- La Vigne - Le Cidre-Chemin de fer-Routes-

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Carrière de l’époque pliocene aux Taillis

 

On[1] trouve une carrière de sable qui s'est formée à l'époque du Pliocène à la fin du tertiaire (entre 5 et 2,5 millions d'années).

Les sables indurés ou « roussards »

Ils sont composés essentiellement de grains de quartz. La coloration ocre à rouille habituelle est due aux hydroxydes ferriques.

Ils ont été exploités comme minerai de fer et surtout comme pierres de taille. Des blocs rubéfiés sont visibles près des Taillis.

On peut[2] rappeler qu’une exploitation de minerai de fer à ciel ouvert dans les schistes de Poligné, fut entreprise et continuée jusqu’au commencement du XIX siècle, au bout de La chaussée de Mabio vers Glénac, près des Taillis. Une petite colline porte le nom de Butte des Forges et , un chemin porte le nom de  « La Vallée des Cendres ».

Le chemin des mines venant de Trobert  passait à côté des mines des Taillis continuait en direction de l’Ouest pour peut-être desservir le gisement du champ de la Gourgandaie entre l’ancienne et la nouvelle chapelle Saint-Jugon puis passait au Nord des Fougerêts et au Nord de Saint-Martin-sur-Oust.

Sable des Taillis

Blocs de Cailloux rubéfiés  visibles près des Taillis

1886- Accident

Samedi,[3] 20 février, 4 ouvriers étaient occupés à tirer du sable dans une carrière profonde de 3 mètres et située à cent mètres environ de la ferme des Taillis, en Glénac, lorsque un éboulement s'est soudain produit ensevelissant complètement l'un d'eux, nommé Rivière. Malgré les secours portés par ses camarades, ce malheureux a été relevé mort.

1929-Accident

              M. Albert Magré était à tirer[4] du sable, lorsqu’un éboulement s'est soudain produit l’ensevelissant, heureusement il fut projeté sur la charrette attelée de bœufs, ceux-ci prennent peur et se sauvent entrainant avec eux le blessé. Le choc fut si violent que les montants de la charrette furent cassés. Aux cris de la victime, des voisins sont venus le secourir, mais suite aux blessures il a fallu l’amputer d’une jambe.

 

Roussimel -le Rocher du Diable et exploitation de Minerai

La Roche du Diable

Une [5]légende locale dit que « lorsque les habitants du village de Lestun en Cournon, en contrebas du rocher, voient celui-ci ‘’ fumer ’’ c’est annonciateur de pluie ». Le fait de fumer peut expliquer la dénomination ‘’ du diable ’’

On trouve [6]sous les rochers de Roussimel une exploitation de minerai de fer et les ruines d’un ancien étang et d’une construction qui devaient être une fonderie importante si on juge par l’accumulation de scories ferrugineuses dans les champs voisins.

 

MINES  de  FER  de  SOURDÉAC.

Entrée de la Mine

Présence  d’un Filon Ferrugineux. [7]

                                 Les Celtes, originaires du Moyen Danube, donnent naissance aux civilisations de l’âge de fer et gagnent l’Armorique au Veme siècle avant J.C. (habitat d’Inguinel). C’est dans la dernière partie de l’âge de fer nommée époque gallo-romaine que commence l’Histoire proprement dite. A cette époque des voies de communication furent construites. C’est ainsi qu’il existait une voie celte de Saint-Brieuc (Coz-Yaudet) à Nantes ; c’était la route de l’étain venant des îles Cassitérides (aujourd’hui îles Scilly) en Cornouaille anglaise et allant vers l‘Italie, Rome en particulier. Cette voie sert encore de limite entre les communes de Sixt-sur-Aff et de Renac sur les Landes de Roche Blanche et, un peu plus loin, entre Sixt-sur-Aff et Bains-sur-Oust ; elle passait sur la commune de Langon et franchissait la Vilaine à Beslé. Sur cette voie principale venaient se greffer des voies secondaires comme celle qui passait à Trobert en Renac (mines de fer) et qui se dirigeait vers Sourdéac en Glénac, puis vers les Taillis à la limite de La Gacilly et de Glénac, ensuite vers Les Fougerêts, passait au Nord de Saint-Martin-sur-Oust et se dirigeait vers le Roc-Saint-André. Cette voie se serait appelée le Vieux Chemin des Forges, d’ailleurs on continue maintenant à l’appeler « le Grand Chemin, ou chemin Romain  »

Ces voies, par la suite, furent empruntées par les Romains : c’est la raison pour laquelle elles sont appelées à tort voies romaines, il serait plus judicieux de les appeler pré-romaines.

D’autre part, des voies secondaires se rattachaient à cette voie principale. C’est ainsi qu’une voie partait des mines de fer de Trobert en Renac. Ce village de Trobert semble être le nœud de tout un ancien réseau de ces chemins qui desservaient les nombreuses exploitations de minerai de fer. L’un de ces chemins, venant de Renac, passait très près des exploitations métallifères de Roche-Creuse près du Binon en Bains-sur-Oust puis par les mines de Sourdéac en Glénac, ensuite, près du gisement se trouvant au pied des rochers de Roussimel. Un ancien recteur de La Gacilly qui connaissait très bien la région, a laissé un manuscrit dans lequel il écrit « Enfin, on peut signaler en Glénac, près de la frontière de la commune de La Gacilly, au bord méridional du coude que fait l'Aff, se dirigeant vers Lestun à Cournon, une autre exploitation de minerai de fer, sous les rochers de Roussimel et, à la partie occidentale de ce même coude de l'Aff, les ruines d'un étang et d'une construction qui devait être une fonderie importante, si l'on en juge par l'accumulation de scories ferrugineuses dans les champs voisins. »

 Le chemin continuait en passant à côté des mines des Taillis près de La Gacilly où une petite colline porte le nom de Butte des Forges et un chemin nommé « La Vallée des Cendres ». L’abbé Chérel écrit aussi dans son manuscrit : « On peut rappeler qu'une exploitation de minerai de fer à ciel ouvert dans les schistes de Poligné, fut entreprise et continuée jusqu'au commencement du 19ème siècle, au bout de la Chaussée de Mabio vers Glénac, près des Taillis ».

              La voie pré-romaine continuait en direction de l’Ouest pour, peut-être, desservir le gisement du champ de la Gourgandaie à la Gacilly, entre l’ancienne et la nouvelle chapelle Saint-Jugon puis passait au Nord des Fougerêts et au Nord de Saint-Martin-sur-Oust. Il devait vraisemblablement se poursuivre jusqu’au Roc-Saint-André où le fer abondait également. D’ailleurs E. Cheval, dans son Histoire de Renac, déclare, qu’en 1536, un chemin très ancien reliait le Pont de Renac au Port-Corbin sur l’Oust en Bains-sur-Oust pour les transports du grand marché de Renac, marché cité dès le IXeme siècle, vers le pays vannetais.

 

Voici l’itinéraire détaillé de cette voie pré-romaine :

              Ensuite la trace est plus difficile à suivre. Continuait-elle vers le Pont des Romains, l’ancien nom du Pont d’Oust ? Possible. Beaucoup de commentaires pourraient être faits sur cette voie comme, par exemple, un village de la Chaussée sur ce chemin ; sans doute que cette voie fut récupérée par la suite par les Romains car ce terme de « chaussée » est typique des voies romaines. Pourquoi une Croix de la Lune ? Que signifie cette appellation ? Lune est plutôt un terme druidique. Pourquoi cette croix ne figure-t-elle pas sur certaines cartes, I.G.N. en particulier ?

              Il est d’ailleurs curieux de constater que ce chemin celte suit exactement le filon ferrugineux tel qu’il a été reconnu par le B.R.G.M. (Bureau de recherches géologiques et minières) : il débute du côté de Segré/Candé dans le Maine et Loire, passe par Châteaubriant, Blain, le Gâvre, Redon, Renac ; à partir de là, une branche file en direction de Paimpont alors que l’autre se dirige sur Saint-Jean-Brévelay en passant par Glénac et le Roc-Saint-André. Il serait très intéressant de pouvoir dater les scories ferrugineuses de la Butte des Forges près des Taillis, scories encore nombreuses à la surface du sol actuellement.

 

 

Extraction du Minerai.

Minerai de Sourdéac. [8]

Le minerai extrait était un fer carbonaté, désigné par les mineurs bretons sous le nom de blandon, d’un gris blanchâtre, à très petits grains cristallins, formant des masses réniformes qui, ordinairement, sont entourées d’une croute de fer hydroxydé.

Le minerai oxydulé renfermait 45 % de fer et le carbonate de 36 à 40 % à l'état cru, passant, après grillage, de 45 à 50 % de fer, 15 - 20 % de silice et 3 % d'alumine. Cette minière a fourni à elle seule presque toute la production du Morbihan pendant de longues années. Jusqu'en 1844, elle alimentait la forge de Vaublanc et celle de la Noë, puis à partir de 1880 celle de Tabago près de Redon.

En 1871, des mines de fer de tout le Morbihan, on n’avait extrait que 7.920 quintaux métriques de minerai mais l’année suivante, après une reprise très marquée dans l’exploitation des minières, 28 ouvriers presque continuellement employés à cette extraction dans les communes de Silfiac Sainte-Brigitte et Glénac, en ont tiré 20.984 quintaux métriques pour le haut fourneau des Salles (Côtes-du-Nord). L'ingénieur a constaté qu'en 1873, il n'y avait aucun ralentissement dans ces travaux, ce qui fait espérer qu'ils pourront prendre plus d'extension.

A cette époque-là, il n’y avait pas de four à Sourdéac pour cuire le minerai. Il était expédié en grande partie vers les forges de Paimpont.

Mines de Sourdéac

Travail à la Mine. [9]

 

Les hommes de la terre - du ciel et de la terre. Les hommes du labeur.

                                  Se souvient-on aujourd'hui de ces dizaines d'hommes qui, voici quatre-vingts ans, labouraient le ventre du « Tertre » et du « Haut-Sourdéac » en Glénac. Chaque jour, chaque nuit, ils se lançaient à l'assaut du roc, tels des guerriers contre une bête géante que les coups n'effleurent pas, armés de pelles, de pioches, de rivelaines. Il leur fallait extraire le maximum de minerai de fer, une précieuse matière première. Certains, avant eux, l'avaient déjà fait, mais c'est à partir de 1897 environ, semble-t-il, que les mines de fer de Glénac furent exploitées le plus longuement.

  

Des petits trains de pierre.

                                 Souvenirs de scènes, de bruits. Mme veuve Nevoux se rappelle, elle était alors très jeune, ces petits trains qui ne ressemblaient à aucun autre. Des petits trains de pierre sortis de la légende. Elle se rappelle aussi que les équipes de nuit s'accordaient une halte chez elle. Sa mère les accueillait avec une cordialité toute naturelle. On savait se donner la main, on savait que la vie, c’est le travail et que, souvent, le travail est dur. Le pain n'en avait que plus de saveur, les flammes de la cheminée  aussi. On parlait de tout et de rien. Fusaient toujours quelques blagues. Les mineurs connaissaient d'autres refuges : le café du père Benoît (actuelle maison de M. Chesnais) où ils allaient acheter du cidre et le troquet du gars Quiban (où demeure aujourd'hui M. Danet), qui était encore exploité dans les années 60.

Qui étaient ces mineurs, ces travailleurs des mines de fer? Des Glénacois pour la plupart, mais aussi des Bainsois, des gars des Fougerêts, comme le « barbu de Saint Jacob », c'est ainsi qu'on l'appelait.

 

Les Ouvriers à la Mine

 Cette carte postale, document très rare, nous les montre réunis le temps d'une photographie : certains sont très jeunes, des enfants encore - beaucoup portent la moustache de l'époque qui rend le visage sévère. Les regards expriment une certaine anxiété, une grande lassitude, quelque stupéfaction aussi, devant l'objectif. Les plus costauds mettent un point d'honneur à sourire. Pour quelques instants, on oublie ses soucis, l'âpre besogne. Une sorte de fatalité se dégage de ce cliché, une émotion lente.

Le chantier vibrait sous les coups répétés des quatre-vingts ouvriers que dirigeait un certain Albert Nusbonn, les galeries  respiraient l’odeur humaine jour et nuit.

              L'équipe avait fière allure avec ses pelles et ses habits en colère. Une armée qui s'engouffrait dans la nuit - la nuit en plein jour - une nuit qui lui prenait tout son souffle. Ce n'étaient point les mines du Nord, les ternes colossaux tout de noir vêtus, les montagnes et les profondeurs de la mort, mais la tâche était dure. On songe à Emile Zola, à « Germinal :

« Les quatre haveurs venaient de s'allonger les uns au-dessus des autres, sur toute la montée du front de taille. Séparés par les planches à crochets qui retenaient le charbon abattu ; ils occupaient chacun quatre mètres environ de la veine ; et cette veine était si mince, épaisse à peine en cet endroit de cinquante centimètres, qu’ils se trouvaient là comme aplatis entre le toit et le mur, se traînant des genoux et des coudes, ne pouvant se retourner sans se meurtrir les épaules.

              Ils devaient, pour attaquer la houille, rester couchés sur le flanc, le cou tordu, les bras levés et brandissant de biais la rivelaine, le pic à manche court... C'était Mathieu qui souffrait le plus ; il avait dû, pour voir clair, fixer sa lampe à un clou, près de sa tête; et cette lampe, qui chauffait son crâne, achevait de lui brûler le sang. Mais son supplice s'aggravait surtout de l'humidité. La roche, au-dessus de lui, à quelques centimètres du visage, ruisselait d'eau de grosses gouttes continues et rapides tombant sur une sorte de rythme entêté toujours à la même place... »

 

Traitement du Minerai.

Les Forges  de  Paimpont. [10]  

                                 Les très anciennes forges de Paimpont (créées en 1633) figurent parmi les plus importantes de Bretagne. Elles vont s'éteindre peu avant 1870 après avoir connu une grande notoriété. Deux raisons sont à l'origine de cette fermeture : la concurrence des forges modernes qui intègrent les nouveaux procédés Bessemer, Martin et Thomas, mais aussi l'enclavement au cœur d'une région mal desservie et nullement industrialisée.

Les responsables locaux sentent bien la menace. Le 18 août 1845, le conseil municipal de Guer réclame la canalisation de la rivière d'Aff jusqu'à la forêt de Paimpont pour l'écoulement des bois et des fers. En 1845 également, le maire de La Gacilly, très désireux d'obtenir lui aussi la régularisation du cours de cette rivière, constitue un dossier mettant en évidence l'influence que pourrait avoir l'Aff canalisée sur le commerce local. Dans son enquête on peut lire que, de fin octobre 1844 au 30 juin 1845, quarante bateaux ont circulé de Glénac à La Gacilly, chargés de minerai pour les forges de Paimpont, la seconde partie du transport, La Gacilly - Paimpont, de loin la plus longue, se faisant par charrette.

En 1864, le 20 novembre, nouvelle demande qui émane cette fois de la mairie de Glénac. La délibération du conseil municipal relative au projet de canalisation de la rivière d'Aff mérite d'être citée :

Considérant que cette canalisation serait très avantageuse pour le développement de l'agriculture, du commerce et de l'industrie de plusieurs cantons, tant du Morbihan que de l'Ille-et-Vilaine, et d'un intérêt général ;

Considérant que pour la commune de Glénac, en particulier, cette canalisation serait inappréciable pour l'arrivage en toutes saisons des engrais calcaires, pour l'écoulement de ses denrées de toutes natures, bois, grains, cidres et pommes, que principalement pour les pommes il est très rare que l'Aff dans l'état actuel ait assez d'eau en octobre et novembre pour permettre de les exporter par bateau et qu'il en résulte souvent une perte considérable ;

Considérant que l'exploitation du minerai qui emploie par an plus de 50 ouvriers serait portée à plus du double si le minerai pouvait être enlevé par bateau pendant toute l'année ;

Considérant enfin que cette canalisation assainirait les marais, ferait disparaître les fièvres intermittentes qui règnent dans la commune à la fin de l'été et rendrait à l'agriculture des terrains considérables qui pourraient alors facilement devenir de bonnes prairies ;

 

Pour ces motifs, le Conseil, à l'unanimité, émet le vœu que la canalisation de la partie inférieure de la rivière d'Aff soit exécutée dans le plus bref délai possible »

 

Le  Four  de  Sourdéac      (au fond  Château)

 Le four des mines de Sourdéac. Le fer y subit une première cuisson avant d être acheminé par Decauville jusqu'à la rivière d'Aff toute proche. Embarqué à bord de chalands qui descendent la Vilaine jusqu'au niveau de l'actuel barrage d'Arzal, il prend ensuite à bord de petits vapeurs de 700 à 800 t la direction de l'Angleterre, de la Belgique ou de l’Allemagne.

Autres Vues du Four

               Le four dans lequel on déversait le minerai extrait vit le jour avec le XXe siècle. La matière ainsi solidifiée était acheminée par wagonnets vers l'Aff, vers l'embarcadère du « Passage » où attendaient des péniches. De là, il était transporté jusqu'à Trignac, près de Saint-Nazaire, mais aussi à Lanouée, près de Josselin, aux forges de la Lié. Des wagonnets se croisaient ainsi à longueur de journée, en deux voies parallèles qui passaient entre l'actuelle maison de M. Danet et celle de Mme Veuve Nevoux. Un cheval les tractait jusqu'à la gueule béante où grondaient les flammes. Brasier de pierre et de fer l'énorme carcasse atteignait, d'après les estimations 18 m de circonférence. Un forgeron glénacois, M. Nevoux, fabriqua lui-même les cercles qui la maintenaient.

              Depuis le  Tertre et le Haut-Sourdéac, des rails convergeaient vers le four. Pour permettre l’accès des wagonnets et des chevaux, on avait aménagé une passerelle. Impressionnante vision du labeur. La cabane que l'on distingue sur le cliché servait d'appentis au forgeron chargé d'aiguiser les outils que le roc avait tôt fait d'émousser.

Sourdéac[11] a possédé un des derniers petits fourneaux de Bretagne en activité.

 

Souvenirs, Souvenirs.

              D'après Jean-Louis Denoual, marinier, les mines de Sourdéac possédaient à une certaine époque deux bateaux, dont le Boyard. Du minerai arrivait par chaland de Port-de-Roche près de Beslé sur la Vilaine. Il était cuit à Glénac, réembarqué et livré à Redon. Une grue montée sur ponton assurait le transbordement du bateau dans les wagons qui stationnaient le long du bassin à flot.

              Un autre marinier, Jean-Baptiste Lasnier, se souvient d'avoir chargé à Sourdéac et livré en Vilaine, en aval de La Roche-Bernard, au niveau de l'actuel barrage d'Arzal. Là, des petits vapeurs étrangers de 7 à 800 tonnaux embarquaient le minerai à destination de l'Angleterre ou des Pays-Bas. J.-B. Lasnier avait manifestement bien présent à la mémoire les rassemblements de péniches dans l'attente des cargos, attente souvent profitable, puisqu'il ajoutait : « Au-delà d'un certain nombre de jours de planche, convenu à l'avance, les mariniers étaient payés en surestaries. »

              Rencontrés il y a quelques années, Pierre Michel et Mme Morice, tous deux nés en 1896, au bord de l'Aff, à deux pas de l'embarcadère du Passage, font de leur côté revivre les dernières images de la mine de Sourdéac : " Les galeries s'enfonçaient loin sous la terre. Des chevaux tiraient les wagonnets jusqu'au fourneau. Après la cuisson, on les rechargeait en dessous et ils descendaient jusqu'à la rivière avec la pente. Un homme se tenait debout, derrière, la main sur la poignée du frein. Les wagonnets passaient là, entre les deux maisons.

 Les bateaux s'amarraient le long de l'estacade. Les " Decauville " (wagonnets) basculaient sur le côté. Il y avait une goulotte métallique et ça tombait directement dans les cales. Quand le wagonnet était vide, on le dégageait sur une voie de garage grâce à une petite plaque tournante. Il y avait cinq ou six wagonnets qui étaient ensuite remontés un par un avec un cheval. Le fourneau cuisait jour et nuit. Ça marchait avec du charbon qui arrivait de Redon. Il y avait aussi du minerai qui venait de Bains-sur-Oust par tombereau, du lieu-dit " La Ferrière ". La mine appartenait à M. Aymar de Tonquédec. Il y avait 30 à 50 ouvriers à ce moment-là."

              Son petit fils, Pierre qui malheureusement ne sait pas grand-chose de cette période de la vie de son grand-père, a tout de même pu préciser que le château, totalement lézardé, devenu inhabitable, avait été démonté et que les plus belles pierres avaient servi à reconstruire une habitation à Nantes.

              Léon Puzenat avait recueilli en son temps quelques informations sur les mines de Sourdéac, qu'il appelle d'ailleurs mines du Tertre, du nom du village voisin. Il y ajoute des éléments techniques : "La plus importante de ces exploitations était celle du Tertre, qui possédait même un four de grillage. Cette minière a fourni à elle seule presque toute la production du Morbihan pendant de longues années. Jusqu'en 1844 elle alimentait la forge de Vaublanc et celle de la Noë, puis à partir de 1880 celle de Tabago (près de Redon).

Intérieur de la Mine

Galerie d’Exhaure

 .

 «  Des  ouvriers travaillaient le dimanche à entretenir le feu », raconte M. Joseph Piljean de  La Duchée. « Guère de répit, un rythme continu annoncé tôt le matin par l'arrivée des travailleurs. Quand ils passaient, ils faisaient du bruit avec leurs sabots », dit encore M. Piljean. On les regardait aller, on avait le sentiment qu'ils partaient à la conquête du monde, qu'ils étaient le monde à eux seuls. C'étaient les travailleurs de la mine, les travailleurs de force, les hommes du vrai. Sans doute les vieilles leur parlaient-elles tout bas, un peu admiratives ou farouchement fatalistes.

Une des Entrées de la Mine

 

Fermeture de la Mine vers 1914

Des aventuriers aux mains de forçats.

Ils étaient bien de Glénac, les  gars de la mine

 Qu’ 'ils fussent de la commune ou d'ailleurs, leur véritable paroisse, c'était ici. Le travail crée des habitudes, des attachements. Les mines et les maisons à l'entour, d'ailleurs, constituaient une sorte de quartier, un village. Un village d'aventuriers aux mains blessées, aux mains de forçats. Un village qui brûlait de mille feux dans le noir et dans la lumière. Vaste poumon souterrain, cœur invincible, bête acculée à sa tanière mais indomptable, immortelle. Glénac vivait de ses mines, et les mines de fer vivaient de Glénac. C'était une sorte d'osmose, de patrie, de pays prolongé dans l'effort, le labeur, les réjouissances, les amitiés viriles. Dieu y avait sa place. M. Joseph Piljean se souvient  lors de la tentative d'Inventaire, en 1914. Les mineurs s'étaient rassemblés sur le porche de l'église avec leurs pelles et leurs pioches. Ils chantaient :

 " Depuis une heure que nous marchons,

C'est Caillibeau que nous cherchons "

CaiIlibeau, c'était le percepteur. Frasque sociale d'un pays grand comme la main mais vivant avec ses problèmes, son rythme de vie, sa chronique.

              De tout cela, que reste-t-il ? Des mines, il ne reste plus que des bosses éventrées, des galeries mystérieuses dans lesquelles on ne saurait trop se hasarder, de hautes parois qui portent encore la trace des milliers de coups de rivelaines semblables à des vagues courant vers le sable, dans un ordre impeccable. Du château du  Haut-Sourdéac, il ne reste que quelques pans livrés aux broussailles. On s'explique mal, faute de précisons, comment le chantier du  Tertre pouvait être exploité en raison de l’existence de la bâtisse sur les lieux mêmes du chantier. Toujours est-il que le dit château appartenait à M. de Quengo de Tonquédec, de même que la carrière riche en minerai de fer ainsi exploitée par la société allemande et que, par suite de déprédations naturelles et de la faillite de son propriétaire, il fut démoli et les pierres récupérées servirent à la construction de la préfecture de Nantes. Le four à son tour, lorsque le chantier fut fermé, à la déclaration de la guerre 14/18 , fut démonté, les blocs de pierre permettant de consolider ou de bâtir certaines maisons du bourg et du  Passage.  Seuls, les rails ont affronté le temps, quelques années durant...

              Les mines de fer de Glénac sont à jamais fermées. Broussailles et arbustes en ont fait leur demeure, les ont ravies aux regards étrangers. Nous avons tenté ici de faire revivre cette époque de l’histoire de Glénac, mais elle garde tout son mystère, ses charmes ses difficultés, ses souffrances, ses injustices. Par matin de grand vent ou par nuit de pleine lune, on croit entendre, jaillis des profondes ténèbres, des cris, des râlements d'hommes.

 

Accidents  dans la Mine.

Joseph Morice[12], âgé de 54 ans, qui faisait partie de l'équipe de nuit qui devait descendre au fond de la carrière de Sourdéac, longeait un sentier, trop près du bord et perdit l'équilibre ; il tomba d'une hauteur de plusieurs mètres, la tête porta sur un rail, et il se fit une profonde blessure. Malgré les soins qui lui furent donnés par M. le docteur Bourrée de La Gacilly, il rendit le dernier soupir le lendemain, vers six heures, sans avoir repris connaissance.

Morice laisse une veuve et quatre enfants.

               Le 10 [13]juin dernier, aux environs de Glénac, un éboulement avait lieu dans une carrière : un ouvrier terrassier, Pistiaux, n'ayant pu se garer, a été enseveli sous une assez épaisse couche de terre et est mort le soir même de l'accident.

 

Exploitation au Fil des Années

1871

 Une [14]reprise très marquée dans l'exploitation des minières de fer. En 1871, on  avait extrait que 7,920 quintaux métriques de minerai, tandis qu'en 1872, 28 ouvriers, presque continuellement  employés  à cette extraction dans les communes de Silfîac, Sainte-Brigitte et Glénac, en ont tiré 20,984 quintaux métriques pour le haut fourneau des Salles, dans les Côtes-du-Nord.

M. l'Ingénieur des mines a constaté qu'en 1873, il n'y avait aucun ralentissement dans ces travaux, ce qui fait espérer qu'ils pourront prendre plus d'extension

1872

La [15]seule minière du département est celle du Haut-Sourdéac, commune de Glénac.

Le gisement a été l'objet de quelques travaux vers 1860.

En 1872, MM. Doré et Cio, fondeurs-constructeurs au Mans, et, en 1903, M. Chaumel, y ont fait quelques travaux de recherches, mais n'ont pas exploité.

1875

L'extraction,[16] qui avait été en 1873 de 57,560 quintaux métriques, n'est plus, en 1874, que de 41,000 quintaux métriques. Ces extractions sont faites dans les communes de Silfiac, Sainte-Brigitte et Glénac ; une partie de ces minerais sort du département.

1878

La [17]plupart des minières sont également abandonnées ; seule la minière de Glénac est encore en exploitation et occupe en moyenne 20 ouvriers. La production en 1877 parait avoir été de 7 à 8,000 tonnes de minerai.

1879

Minières de fer. Une seule minière de fer est exploitée dans le département du Morbihan, c'est celle de Glénac, dont le propriétaire, M. de Gouyon, s'est engagé en 1872, à fournir à l'usine de Saint-Nicolas de Redon, pendant 24 ans, 3,000 tonnes de minerai chaque année.

1880

Minières de fer. [18]L'exploitation de la minière de Glénac a été suspendue à la suite de la dissolution de la société de Marquise et Tabago

1884

Fréquentation. — L’AFF

D'après[19] les relevés statistiques prescrits par le décret du 19 novembre 1880, la fréquentation, en 1883, a été, tant à la remonte qu'à la descente, de 393 bateaux jaugeant ensemble 9,766 tonneaux, d'où il résulte, pour 1883 une diminution sur 1882, de 216 bateaux et de 5,454 tonneaux.

Cette diminution provient du chômage des forges de Redon qui employaient beaucoup de minerai provenant des gisements de Glénac.

1887

Les [20]minières de fer de Glénac (canton de La Gacilly), sont encore restées en chômage pendant l'année 1887[21]

1888

Les minières de Glénac sont encore restées en chômage en 1888.

1904

M.[22] de Tonquédec a repris les recherches en 1904, puis a donné le droit d'exploiter à M. Jos de Poorter, qui a exploité de 1906 à 1908

1905

La seule minière du Département est celle du Haut-Sourdéac, commune de Glénac, exploitée à ciel ouvert par M. de Poorter.

Le personnel est d'environ 37 ouvriers, et l'extraction a été de 2.500 tonnes.

Il n'avait pas été signalé d'accident en 1904.

1908

Il a été extrait, en 1907, 10.000 tonnes de minerai carbonate qui ont été transformés en 8.000 tonnes de minerai grillé, d'une valeur de 50.000 francs environ.

Le personnel a été en moyenne de 30 ouvriers.

 1909

M. de Tonquédec s'est borné, en 1909, à remettre en état la galerie et les voies de roulage et à aménager la minière pour pousser l'exploitation vers l'ouest.

M. de Tonquédec vient de reprendre lui-même l'exploitation depuis décembre 1909.

1911

La[23] seule minière qui ait été réellement exploitée est celle de Sourdéac, commune de Glénac, appartenant à M. Aymar de Tonquédec.

30 ouvriers, en moyenne, ont été occupés toute l'année.

 En 1910 il a été extrait  5.500 tonnes de minerai carbonate.

1912

Aucune[24] minière proprement dite n'a été exploitée en 1912. Celle du Haut-Sourdéac, commune de Glénac, est abandonnée depuis juillet 1911

1914

Les[25] minerais de Glénac ont été exploité en minières jusqu’en 1910

Définitivement abandonné en 1914

 

Demande en concession de mines. [26]

Par une pétition en date du 15 mai 1914, régularisée le 15 juin 1914, M. LENGLET (Paul), domicilié à Paris, 10 avenue de Messine (8eme-arrondissement), sollicite une concession de mines de fer sur le territoire des communes de Renac, La Chapelle-Saint-Mélaine, Sainte-Marie, Sixt, Bains, arrondissement de Redon, département d'Ille-et-Vilaine, et de Glénac, et Cournon, arrondissement de Vannes, département du Morbihan.

Cette concession sera limitée ainsi qu'il suit :

Au nord. — Par une ligne brisée ABC composée :

              de la ligne droite A D menée du point A d'intercession du bord occidental du chemin d'intérêt commun no 38 de Malansac à Saint-Séglin, avec une ligne droite F X joignant le point F clocher de Glénac au point X borne tribanale des communes de Glénac, La Gacilly et Les Fougerêts, au point B intersection du bord méridional du chemin vicinal ordinaire n° 1 de la commune de Cournon, allant de Cournon à la Coudrais, avec la limite séparative des départements d’Ille et Vilaine et du Morbihan ;

              et de la ligne droite B C du point B ci-dessus défini au point C intersection du bord occidental du chemin vicinal ordinaire n° 7 de la commune de Renac, allant de la Chapelle-Saint-Mélaine à Saint-Just, avec une ligne droite Y Z joignant le point Y intersection du bord oriental de la route nationale n° 177 de Redon à Caen et de la limite séparative des communes de Saint-Just et de Renac, au point Z, borne tribanale des communes de Langon, Brain et Renac.

A l'Est. — Par une ligne droite C D menée du point C ci-dessus défini, au point d’intersection du bord oriental du chemin vicinal ordinaire n° 5 de la commune de la Chapelle-Saint-Mélaine, allant de la Chapelle-Saint-Mélaine à Garrain, avec la ligne E V joignant le point E borne tribanale des communes de Renac, Sainte-Marie et Bains, au point V intersection du bord septentrional du chemin de grande communication n° 56, allant de Renac à Port-de-Roche, avec la limite séparative des communes de Brain et de la Chapelle-Saint-Mélaine,

Au Sud. — Par une ligne brisée D E F G composée :

de la ligne droite D E menée du point D ci-dessus défini, au point E ci-dessus défini ;

de la ligne droite E F menée du point E ci-dessus défini au point F ci-dessus défini ;

et de la ligne droite F G menée du point F ci-dessus défini au point G d'intersection du bord occidental du chemin d'intérêt commun n° 38 de Malansac à Saint-Séglin, avec le bord méridional du chemin d'intérêt commun na 52 de Saint-Congard au Port Corbin,

A l'Ouest. — Par une ligue droite G A menée du point G ci-dessus défini au point A de départ.

Les dites limites renfermant une étendue superficielle de 39 kilomètres  carrés, 30 hectares (3.930 hectares)

Le demandeur sollicite éventuellement l'autorisation de réunir la concession qui lui serait accordée en raison de la présente pétition avec celle qui lui serait accordée dans le département de Maine-et-Loire en raison d'une pétition présentée le 9 novembre 1908.

Le pétitionnaire offre aux propriétaires des terrains compris dans la concession demandée une indemnité, une fois payée, de trois francs par hectare.

A la demande est annexé un plan en simple expédition sur une échelle de 10 millimètres pour 100 mètres de la concession demandée. La pétition et trois exemplaires du plan sont également adressés à M. Le Préfet du département d’Ille-et-Vilaine.

 

Le Préfet du département du Morbihan,

Vu la loi du 21 avril 1810, modifiée par la loi du 27 juillet 1880 et la loi du 25 juillet 1907,

ARRÊTE : Le présent avis sera affiché pendant deux mois du lundi 6 juillet 1914 au dimanche 6 septembre 1914 inclus, à Glénac, Cournon et Vannes.

              Il sera, pendant la durée de l'enquête légale, inséré deux fois,  à un mois d'intervalle, dans les journaux de département.

              II sera, en outre, adressé au Préfet de la Seine qui est prié de le faire afficher pendant le même délai, à Paris (8e arrond.), où est situé le domicile du pétitionnaire.

              Il sera publié dans les communes ci-dessus désignées, devant la porte de la maison commune et des églises, à la diligence des Maires, à l'issue de l'office, un jour de dimanche, au moins une fois par mois, pendant la durée des affiches.

              La pétition et les plans sont déposés à la Préfecture où le public pourra en prendre connaissance pendant la durée de l'enquête, en vue des oppositions et des demandes en concurrence auxquelles la demande actuelle pourrait donner lieu.

A Vannes, le 17 juin 1914,

Les Chauves-Souris ou Chiroptères

 

Descriptif[27]

  Protections et inventaires : Arrêté préfectoral de protection de biotope du 22 juin 1992.

Commune : Glénac

Propriété : privée

Description : un puits et 6 galeries (descenderies et amorces) creusées dans une ancienne minière

Intérêt patrimonial : Régiona l; 6 espèces de l'annexe II de la Directive Habitat.

Chiroptères : Gîte d'hibernation pour le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), le Grand Murin (Myotis myotis) le Murin à Oreilles échancrées (Myotis emarginatus), le Murin de Bechstein (Myotis bechsteinii), la Barbastelle (Barbastella barbastellus), le Murin de Natterer (Myotis nattererii), le Murin à Moustaches (Myotis mystacinus), le Murin de Daubenton (Myotis daubentonii), l'Oreillard roux (Plecotus auritus), la Sérotine commune (Eptesicus serotinus) et la Pipistrelle commune (Pipistrellus pipistrellus).

Conservateur : Yann Le Bris

Préambule.

                         Les chauves-souris - ou chiroptères (du grec cheiro : "main" et ptère : aile) - sont les seuls mammifères volants au monde. Animaux dépourvus de tout comportement constructeur, les chauves-souris dépendent entièrement des abris naturels ou construits par l'homme.

                 En Europe, les 34 espèces de chauves-souris présentes se nourrissent uniquement d'insectes qu'elles chassent en les détectant par écholocation (émission et réception d'ultrasons). L'hiver, pour pallier le manque de nourriture, les chauves-souris hivernent en général dans des grottes ou des mines où elles trouvent un microclimat constant propice à leur léthargie (température constante aux environs de 10 degrés, taux d'humidité proche de 100 %). Quelques espèces moins frileuses préfèrent se réfugier dans les arbres creux. L'été, les chiroptères se regroupent dans des endroits chauds, sombres et calmes (combles de bâtiments, arbres creux, ponts...) pour mettre au monde leur unique petit de l'année

  De tout temps, leurs mœurs nocturnes et leur mode de vie " à l'envers " en ont fait dans l'imagerie populaire des animaux sataniques à pourchasser. Depuis quarante ans, le développement de l'agriculture intensive, la destruction des terrains de chasse par uniformisation des paysages, l'usage des pesticides et la destruction des gîtes (démolition de ruines, modification de vieux bâtiments, fermeture de sites souterrains) ont fait chuter les effectifs des populations de façon alarmante à travers toute l'Europe.

   .                          Ainsi, BEAUCOURNU & MATILE (1963) dénombraient 1.000 Grands Rhinolophes dans les mines de Glénac (56), site qui est actuellement fréquenté par environ 300 individus seulement. Cette même espèce a disparu d'Alsace et d'Ile-de-France et sa situation est critique dans le nord du pays.

    En France, toutes les espèces de chauves-souris sont protégées par la loi depuis 1981. En Europe, 13 espèces de chauves-souris se trouvent citées dans les espèces prioritaires à protéger dans la Directive européenne 92-43 CEE, dite Directive Habitats, visant à créer un réseau européen de milieux " d'intérêt communautaire "

   Rares et protégées, présentes dans de nombreux milieux, les 21 espèces de chauves-souris bretonnes sont des indicateurs de la qualité de notre environnement.            .        

 Réserve de Chauves-Souris depuis 1989. [28]

 

                                Les galeries de l'ancienne mine de Glénac sont protégées depuis 1989. Elles forment probablement une des réserves les plus originales du réseau des réserves de Bretagne Vivante SEPNB, Conservatoire Régional des Espaces Naturels de Bretagne.

L'ancienne mine de fer de la commune de Glénac constitue un site majeur pour les chauves-souris au niveau régional. Le site abrite plus de 300 chiroptères en hiver. Pour conforter l'intérêt du site, il est important de signaler que 6 espèces sont inscrites à l'annexe 2 de la Directive Habitat. D'autre part, toutes les espèces de chauves-souris sont répertoriées sur la liste rouge des espèces menacées en France.

Afin de mieux comprendre l'évolution de la réserve, il est nécessaire d'effectuer un bilan de plus de dix années de gestion.

 

Présentation du site.

L'exploitation de la mine et l'extraction du minerai de fer se sont effectuées jusqu'en 1914. De cette période, il ne reste plus que quelques ruines, un ravin, des puits noyés et des galeries plus ou moins effondrées. Depuis l'abandon de la mine, la végétation a repris ses droits. Le phénomène est tellement important qu'elle en devient parfois exubérante avec notamment des fougères de grandes dimensions. A certaines périodes de l'année, la descente dans le ravin est un vrai dépaysement. La végétation dense et l'humidité ambiante donne au site une apparence tropicale.

              Profitant de la présence des galeries abandonnées, les chauves-souris aux habitudes troglophiles s'y sont installées pour y passer la période hivernale. La tranquillité du site, l'hygrométrie importante et la température stable des souterrains sont une aubaine pour ces animaux dans une région pauvre en cavités naturelles. La mine est composée de sept galeries de tailles très variables et de trois puits. La plus grande, que nous appelons galerie n°6, longue d'environ 200 mètres est toujours inondée. Les autres, nettement moins importantes, sont également moins humides.

              Mis à part Jean-Claude Beaucournu, dans les années 1950-60, peu de naturalistes semblent s'être intéressés à ces souterrains et à ces animaux. Nous utiliserons donc deux de ses publications comme références historiques.

              Une visite au mois de février 1988  avec Jean-Claude Beaucournu nous a permis de constater la qualité du site, mais aussi, malheureusement, une dégradation avancée du milieu naturel. L'ancienne mine était devenue une décharge sauvage. Les déchets étaient tellement abondants qu'ils menaçaient de combler l'accès de certaines galeries. Etant donné l'intérêt du site pour les chauves-souris, des démarches auprès du propriétaire, M. de Cacqueray, sont entreprises.

Un chantier de nettoyage est mis en place, au cours du printemps 1989, par la SEPNB avec l'aide du GMB (Groupe Mammalogique Breton) et de la municipalité de Glénac. Pas moins de quatre remorques agricoles ont permis d'évacuer de nombreux mètres cubes de déchets.

La réserve est ensuite créée grâce à une convention de gestion passée entre le propriétaire, la SEPNB et le GMB le 31 mars 1989. Une grille est également posée à l'entrée de la galerie n° 6, la protection du site est confortée par le Préfet du Morbihan. Un arrêté de protection de biotope est pris le 22 juin 1992.

 

Un site majeur pour les chauves-souris en Bretagne.

                                 Les galeries de l'ancienne mine de Glénac constituent l'un des plus importants sites d'hivernage pour les chauves-souris en Bretagne (SEPNB 1996). De 360 à 380 chiroptères ont été recensés entre 1996 et 2001. Toutefois, les chiffres relevés ces dernières années sont révélateurs de la grave diminution des effectifs au cours des quatre dernières décennies. Jean-Claude Beaucournu signale la présence de plus de 1.200 chauves-souris en 1958 dans la galerie principale (Beaucournu 1963). La diminution la plus alarmante concerne le Grand Rhinolophe. Celui-ci a vu ses effectifs se réduire de plus de 80 % en trente ans.

              La mise en protection du site et la pose d'une grille ont permis de stabiliser les effectifs de la plupart des espèces. Malgré des variations inter-annuelles dues aux conditions climatiques, une augmentation de la fréquentation est constatée chez le Grand Murin, le Vespertilion à Oreilles échancrées, le Petit Rhinolophe et le Vespertilion à Moustaches.

              Le grand intérêt de la réserve de Glénac se trouve également dans la diversité : pas moins de 12 des 19 espèces de chiroptères présentes en Bretagne ont été recensées dans la réserve. Les galeries souterraines accueillent la majorité des animaux. De plus certains aménagements, comme les nichoirs, ont favorisé la présence de nouvelles espèces (Barbastelle, Pipistrelle, Oreillard )

Au total, 497 chauves-souris pour 12 espèces différentes (effectif maximum) y ont été recensées. (cf. Tableau.)

 

Évolution des différentes espèces de Chauves-Souris.

 Le Grand Rhinolophe (Rhinolophus fer-rumequinum)

                                 Il symbolise la protection de ce site. C'est probablement cette espèce qui caractérise le plus le déclin des chauves-souris en Bretagne au cours de ces 40 dernières années. Jean-Claude Beaucournu signale plus de 1000 Grands Rhinolophes lors d'une visite le 25 janvier 1958 (Beaucournu 1963). Depuis 1987, un ou plusieurs comptages sont effectués chaque hiver. Les maxima recensés sont de 195 individus le 21 décembre 1996 et de 224 le 14 janvier 2001. Le même phénomène est observé dans la mine de Kerdevot à Ergué-Gabéric suivie depuis 1954 (Nicolas et G. Pénicaud 1993). D'autres témoignages non chiffrés provenant de Bretagne confirment cette baisse.

              La régression du Grand Rhinolophe est évidente et a été constatée dans toute la région à partir des années soixante. Les causes sont multiples : insecticides, traitement des charpentes, destruction du bocage, dérangements. Toutefois, avec une centaine d'individus chaque année, la réserve constitue encore l'un des principaux sites d'hivernage pour le Grand Rhinolophe en Haute-Bretagne.

Conclusion.

  La création de la réserve, il y a 10 ans, a été favorable aux chauves-souris. Cette protection a permis soit de maintenir les effectifs, soit de les faire progresser selon les espèces.

Certains aménagements ou travaux sont à retenir :

û  la fermeture par une grille de la grande galerie évite les dérangements et stabilise les populations au cours d'un même hiver,

û  le recreusement de fentes dans la galerie n°6 a offert de nouvelles possibilités aux petites espèces de chauves-souris fissuricoles,

û  la mise en place de nichoirs a permis à de nouvelles espèces de s'installer.

û  la surveillance du site, faisant partie de l'important réseau des réserves de Bretagne Vivante - SEPNB, doit être développée. La grille a été dégradée à plusieurs reprises. Des déchets sont de nouveau entreposés et un nettoyage doit y être effectué chaque année.

Bien que la réserve abrite plus de 300 chauves-souris chaque année et que sa préservation soit vitale pour plusieurs espèces, les possibilités d'accueil doivent pouvoir être améliorées. De nouveaux nichoirs vont être installés. La rénovation de deux vieux bâtiments, situés dans la réserve, est à envisager. Ces aménagements offriraient de nouvelles possibilités pour les chauves-souris. L'avenir de la colonie de reproduction de Grands Rhinolophes du village voisin est incertain. II est nécessaire de prévoir un gîte de substitution pour ces animaux. La gestion de la réserve doit pérenniser l'intérêt du site pour les chauves-souris. Elle doit permettre également de favoriser les autres groupes faunistiques. Les inventaires vont continuer notamment sur certains groupes insuffisamment étudiés comme les escargots, les araignées ou les insectes.

 

Les Gites d’Hibernation.

                                 Le fait marquant cette année est la quasi-disparition des Grands Rhinolophes des anciennes mines de Glénac (56). Ils étaient au nombre de 219 en novembre puis de décembre à février un maximum de 14 individus seulement habitaient encore le site. La sur fréquentation humaine du site n'est assurément pas étrangère à cette désertion du site, une consolidation de la grille sera réalisée en 2006.

 

 

 

 

 

 Autrefois on cultivait la vigne  à Glénac   

 

Le nom Vigne indique un lieu ou cette plante a été cultivée. L’intérêt de cette analyse permet de repérer les endroits où elle fut connue. La culture de la vigne très prospère, dès l’époque gallo-romaine, s’étendait sur presque tout le territoire breton. Chaque village possédait ses petits coteaux de vigne.

À la sortie du bourg , vers Redon on trouve encore un endroit ou lieu-dit qui porte le nom de " La Vigne "

À Launay, trois parcelles sur le cadastre de 1824 portent ce nom, ce sont les numéros 720-758-759, les propriétaires étaient : M. Etoré de Launay, M. Chevalier de Launay, M. Marchand du Berland.

 

18 novembre 1679

              Enfin,[29] le recteur de Glénac, Claude Drouet, obtenait une sentence condamnant Jean Rado, sieur de la Ville-Janvier à lui payer exactement la dîme des raisins.

 

Le 16 août 1737,

              Le sieur Bigottière, du Grand-Clos (sans doute), de la paroisse de Glénac, s'engageait à fournir à Maître Jean Hoéo une barrique de vin « cueilli de sa vigne ».

 

Fabrication du Cidre à Launay en Glénac

Le brassage

 Préparation du matériel.

Avant de brasser, tous les ustensiles, dont le pressoir, sont nettoyés et mis à tremper pour que le bois gonfle et empêche les fuites. Le lavage s’effectue à l’eau chaude et avec de la cendre de bois, on termine par un rinçage à l’eau claire. Les fûts, ou les tonneaux, sont placés sur le « poulain » formant glissière, constitué de deux forts madriers reliés par deux ou trois traverses, selon son importance. Les fûts sont balancés et remués en cadence

Dans le cellier, les fûts ne sont pas posés à même le sol de terre battue, ils s’abîmeraient. Ils reposent sur de fortes pièces de bois, appelées « chantiers », ou « ins ». Ils y sont maintenus par des cales.

C’est la période où, dans la campagne, résonne les coups sur le « chassoir » du tonnelier pour que le cercle de châtaignier qui entoure le fût glisse le long de celui-ci et resserre les « douelles » (planches de châtaignier ou de chêne qui ont été taillées et courbées pour former le fût).

 

Le pressoir.

 

Le Pressoir

 

              La pièce principale du pressoir est « la carrée », table qui reçoit la pulpe des pommes écrasées (marc). Elle est constituée de madriers en «cœur de chêne», serrés les uns contre les autres. Ils sont maintenus par 6 autres madriers, appelés « longeron », posés sur champ et placés sur les 2 côtés de la vire. Les deux montants s’emboîtent au-dessus des longerons. La « carrée » doit être suffisamment solide pour supporter les fortes pressions au moment du serrage de la motte. Il est en légère déclivité en direction de la goulotte pour un bon écoulement du jus.

La Carrée

              La « carrée » est posée sur une énorme poutre de chêne, plus ou moins bien équarrie, appelée le «guibre», ou tout simplement le « pied de chêne », le « chêne du pressoir ». C’est un arbre, orgueil d’un bois ou d’un talus de la ferme et qui en a gardé le nom. Cette poutre peut mesurer jusqu’à 0,60 mètre de section et sa longueur dépasse celle de la « maie » de 30 à 40 centimètres de chaque côté (2 à 3 mètres en moyenne).

Le Vire

 

 Le « vire » (vis du pressoir) est implanté perpendiculairement au « guibre » et le traverse de part en part, ainsi que la «carrée». Il doit être parfaitement vertical pour ne pas travailler en porte à faux. Il est régulièrement graissé ou huilé. C’est le charron du village, à l’aide d’une tarière et guidée par un fil à plomb qui creusait le trou du vis dans le « guibr e». Il en faisait plusieurs et terminait à la gouge.

              L’étanchéité de la table doit être également parfaite. On utilisait avant de la bouse de vache fraîche, ou de la mousse blanche, pour colmater tous les joints entre les madriers, autour du « vire ». La table est ensuite lavée à l’eau chaude, rincée et mise à tremper pendant une ou deux semaines, pour gonfler le bois. De nos jours, la table est souvent en ciment, le nettoyage doit être plus fin, les germes se logeant dans les micro-anfractuosités. Une fois le pressoir prêt, la « pilerie » pourra commencer lorsque les pommes seront bien mûres. Leur chair devient alors moins dure, sans être molle. Elle s’écrase facilement sous les doigts et laisse couler son jus. Les pommes sentent bon, elles embaument toute la ferme. L’épiderme des fruits a perdu sa couleur verte pour devenir jaune-orangé. Le fruit a atteint son maximum de sucre et de saveur. C’est à ce stade qu’on obtiendra le plus de jus et la qualité la meilleure.

Dès la fin du mois de septembre, début octobre, on brasse les premières pommes, les variétés primes (précoces). La «pilerie» se termine en février avec les variétés tardives  Ces dernières ont besoin d’être « nigeaulées » longtemps pour être bonnes à presser (« nigeaulées » = conservées un certain temps). C’était surtout les pommes de garde que l’on mettait à « nigeauler » sous la paille dans les greniers, de manière à pouvoir les conserver durant l’hiver. Elles donnent un cidre qui se conserve très bien, appelé " cidre de garde ".

Le broyage

Broyage des Pommes

Les fruits sont broyés pour permettre un meilleur pressurage et obtenir le maximum de jus. Les tissus de la pomme doivent être finement déchirés pour qu’ils abandonnent facilement leur jus. Néanmoins, ils ne doivent pas être transformés en purée, ce qui risquerait de rendre aléatoire la tenue de la « motte » et d’apporter beaucoup de lie dans le moût (jus de pomme).

Le « tour à piler » est abandonné depuis longtemps, il reprend du service dans certaines fêtes folkloriques. Le plus souvent, il est transformé en bac à fleurs pour décorer fermes et villages. Drôle de fin pour un instrument qui fut à la base d’une économie florissante pendant plus d’un siècle. Dans le tour à piler, les pommes sont écrasées par une roue en pierre qui, à l’origine, était en bois. Son avantage était qu’à aucun moment, la pomme ne se trouvait en contact avec des parties métalliques (à l’inverse du broyeur) qui peuvent provoquer le noircissement du cidre.

Au début, le broyeur (ou moulin) était entraîné par deux hommes robustes qui tournaient deux volants placés latéralement. Ils furent remplacés, plus tard, par un moteur électrique ou à essence. Les pommes broyées tombent dans une grande auge en bois appelée « maie ».

Lorsque les pommes sont trop grosses, elles sautent en dehors du moulin. Si elles sont trop molles ou trop mûres, il faut desserrer le broyeur pour ne pas les réduire en purée. Au contraire, si elles sont fermes ou dures, il faut le resserrer afin qu’elles soient bien écrasées. Triées par variété, il est plus facile de régler l’écartement du broyeur, en fonction de la dureté des pommes.

Le cuvage

La pulpe, obtenue après broyage, est mise à macérer pendant six à dix heures dans une cuve en bois, souvent un vieux tonneau coupé en deux. Le cuvage ramollit les tissus et augmente donc le rendement en jus. Il améliore la couleur du cidre ainsi que sa clarification, en favorisant le passage des pectines solubles dans le moût.

Le pressage, pressurage, serrage

La pulpe est mise sur la table du pressoir. Elle est disposée par couches de 10 à 15 centimètres d’épaisseur, séparées par de la paille de seigle, d’avoine ou de blé, battue à part pour qu’elle ne soit pas brisée. Depuis l’avènement des moissonneuses-batteuses, la paille est trop brisée pour pouvoir monter une « motte » qui se tienne, qui ne se sauve pas. Une paille bien séchée, aérée, convenablement travaillée, dégagera une odeur agréable; elle contribuera au bon goût du cidre. Elle doit être peignée pour allonger, au maximum, les brins et supprimer les impuretés. Les pailles actuelles contiennent des résidus de pesticides, des bactéries, responsables de défauts du cidre ou de goûts particuliers. Certains agriculteurs préfèrent cultiver une petite parcelle de céréales pour obtenir une bonne paille.

La paille est disposée du centre vers l’extérieur. Elle permet un bon écoulement du jus. Il faut acquérir un tour de main pour bien la disposer en allongeant les brins. Un bon drainage de la «motte» permet un pressurage plus rapide. Les brins peuvent être arrêtés en bordure de la « motte », ou bien on peut les laisser dépasser et les replier sur la couche supérieure. Les quatre coins des toiles, lorsqu’on les utilise, sont repliés sur la couche suivante. Toile et paille consolident la « motte » et permettent qu’elle se tienne. Si la pulpe est trop fine, elle glisse sur la paille et la « motte chie ». Les toiles doivent être lavées régulièrement pour ne pas donner de mauvais goût au cidre.

 

Préparation de la Paille

Pour bien égaliser la pulpe en couche régulière, appelée « lit » ou encore «torche», le brasseur peut s’aider de la « carrée » quatre planchettes assemblées en carré, de la grandeur de la «motte». La pulpe y est jetée et ainsi retenue. Elle est nivelée et légèrement tassée à l’aide d’une planchette. Sur les grands pressoirs, le brasseur utilise un petit rabot en bois, le « rouabe », pour étaler la pulpe jusqu’au «vire» (vis centrale du pressoir). Parfois, certains brasseurs préfèrent n’utiliser que deux petites planchettes, en équerre, appelées « l’oiseau » ou « bec d’oiseau ». Elles servent pour monter correctement les coins de la couche qui doivent être bien rembourrés. D’autres ne s’aident que d’une seule planchette, la «taloche». On l’avance au fur et à mesure pour tasser convenablement les bords.

Monter la « motte », couche après couche, de façon parfaite pour qu’elle se tienne lors du pressurage, demande un savoir-faire que seule une longue expérience permet d’acquérir. Pour plus de facilité, à l’heure actuelle, on utilise des claies constituant une cage circulaire ou carrée. Dans la cage, paille et pulpe sont alternées, nécessitant moins de soins que pour la « motte » traditionnelle.

Montage du Plancher « le plateau »

 

Sur le haut de la « motte », des planches sont posées pour former un plancher appelé le plateau. Par-dessus, on y place les « bois de charge » ou « quétrain » deux assises de quatre madriers disposés perpendiculairement l’une par rapport à l’autre. L’assise inférieure repose sur le plancher, la supérieure est surmontée d’une grosse pièce de bois appelée «mouton». Sur le « mouton » est boulonné le « crapaud » de l’écrou de serrage, pièce en acier coulissant librement autour du « vire ». Au-dessus, on trouve la couronne et l’écrou de serrage qui suit le filetage. A l’aide d’une barre de bois prise dans le collier de l’écrou, on agit par un jeu de clavettes sur la couronne et donc sur l’écrou qui serre la «motte». La barre de bois est choisie dans une pièce de houx, tordu de façon que son extrémité reste à hauteur d’homme. Il y a deux barres, une petite pour le début du serrage et une plus longue pour la fin du pressurage. Elle permettait à deux, voire trois hommes, de « tirer sur le marc ». Le marc est le mélange de paille et de pulpe pressée.

Serrage du marc

 

 

Les « bois de charge » posés, le « mouton » en place, on laisse la « motte pisser son jus », s’égoutter naturellement, ce qui donne le « jus de goutte ». Cela permet aussi à la « motte » de bien « s’asseoir ».

Il est recommandé de « serrer le marc » progressivement et de façon intermittente pour laisser le temps au jus de s’évacuer. Un bon drainage permet d’aller plus vite. A la fin du pressurage, on laisse pendant un certain temps la «motte» s’égoutter (égouttage final). Après le pressage, on « mouche la motte », les bords sont découpés avec le couteau à marc (lequel, sous la Révolution, servit d’arme aux paysans bretons contre les «  Bleus » Les découpes sont posées sur le dessus de la « motte » et forment un nouveau lit ; la « motte » est alors " repressurée ".

Coupage du Marc

 

Le jus s’écoule de la table du pressoir par une goulotte dans une cuve en bois, à demi enterrée et placée en bordure du pressoir. Un tamis de crin, appelé « sang », permet de retenir les impuretés. Avec des seaux ou avec une pompe, le jus est « entonné » (transvasé) dans les fûts.

Cuve en bois où s’écoule le jus

 

Le Rémiage

              Après l’égouttage final, le marc contient encore une quantité appréciable de jus. Pour l’extraire, ou épuiser le marc, on effectue un, voire deux " rémiages " La «motte» est défaite, le marc est émietté dans une cuve et arrosé avec de l’eau chaude. On utilise une faible quantité d’eau afin de ne pas trop diminuer la densité du cidre. On laisse tremper quelques heures, on remonte la « motte » et on pressure de nouveau. Le jus obtenu est mis à part et constitue le « petit cidre ».

 

La défécation (clarification)

              Le moût mis dans le fût est trouble quelques jours plus tard, il se « met à travailler ». Une croûte brune, dure, plus ou moins épaisse, constituée par les impuretés, se forme en surface et déborde par la bonde, c’est le « chapeau brun ». Dans la partie inférieure du fût, un dépôt se constitue les lies. Les matières pectiques contenues dans le moût coagulent, elles entraînent les éléments en suspension et assurent un débourrage naturel. Le cidre se clarifie, on dit qu’il se « purifie » c’est le collage du moût.

 

Si le chapeau est fendillé et laisse échapper une mousse blanche par les craquelures, le cidre « bout blanc » la défécation est manquée. Le « chapeau blanc » est souvent dû à un départ trop rapide de la fermentation alcoolique, le moût reste trouble.

Pour améliorer la défécation, il faut brasser des pommes mûres, bénéficier d’une température basse (8 à 10°) et ne pas mettre plus de deux jours pour remplir le fût. Le brassage par temps froid (novembre, décembre...) donne un moût qui s’épure mieux. Certains éléments, comme le sel de cuisine, améliorent la défécation

Il est préférable que la défécation se fasse en cuve ouverte pour éviter que le « chapeau brun », débordant par la bonde, coule sur les parois du tonneau et le souille.

Le soutirage

              5 semaines après l’entonnage, le moût s’est clarifié, le jus clair doit être séparé des lies et du « chapeau brun », c’est le soutirage. Ce transvasement dans un fût propre et à l’aide d’une pompe à débit lent, ou tout simplement avec un siphon.

Le soutirage doit s’effectuer par haute pression barométrique. Lorsque la pression est haute, par temps clair, beau et froid, de préférence par un beau ciel étoilé d’hiver, les impuretés en suspension dans le moût se déposent mieux. A l’inverse, lorsque la pression atmosphérique est basse, elles restent en suspension dans le liquide, le moût est trouble et le soutirage n’aura que peu d’effet.

Lors du soutirage, le moût ne doit pas être agité, ni tomber dans le fond du fût en pluie, ce qui l’aérerait et lui serait néfaste. L’air provoque une oxydation du cidre et entraîne une fermentation plus rapide.

La fermentation

              Quelques jours après le soutirage, commence la fermentation ; des bulles de gaz montent à la surface, le cidre « bout ». Le sucre contenu dans le moût, sous l’action de levures, se transforme en alcool et en gaz carbonique. Pour obtenir un cidre de qualité, il faut rechercher une fermentation longue, deux mois. On y parvient par une température basse dans le cellier, plus facile à obtenir quand la fermentation coïncide avec la période hivernale et en soutirant.

Le soutirage, en éliminant une partie des levures contenues dans le moût, ralentit également la fermentation. Deux soutirages peuvent être nécessaires. Pendant toute la fermentation, les fûts doivent rester pleins. Ils sont complétés régulièrement avec du cidre sain, ou de l’eau propre, c’est ce qu’on appelle « l’ouillage ».

 

La conservation du cidre

                Le cidre était la boisson de tous les jours dans les fermes, il était conservé en fûts bien bondés dans le cellier. Il en était très peu mis en bouteilles ; le cidre bouché était réservé pour les grandes occasions. Les fermes étaient jugées par la qualité de leur cidre, certains en avaient du très bon, très agréable à boire, néanmoins, d’autres avaient un cidre franchement imbuvable, on devait quasiment « tenir la table » pour le boire. Inutile de dire qu’on n’en redemandait pas !

Pour que le cidre se conserve bien et longtemps, il faut que le cellier reste frais, été comme hiver (de 4 à 18°), qu’il soit convenablement aéré, qu’il ait une bonne hygrométrie, sans humidité superflue qui risque d’attaquer les fûts et leurs cercles. Le cellier est souvent situé au nord des autres bâtiments, ou à moitié enterré. Les murs, le plafond, sont isolés et sains (blanchis à la chaux). La porte est orientée au nord et le sol est en terre battue.

Pour mettre le fût en perce, une «cannelle» ou clé, ou encore «chantepleure», est placée sur le « bondon », une bonde située en bas du fût. A l’aide d’un maillet ou d’une batte à débonder, on frappe d’un coup sec sur la « cannelle » qui chasse le «bondon» et prend sa place. Avec de l’habitude, aucune goutte de cidre n’est perdue. Malgré tout, le novice fait souvent gicler le cidre sur le sol !

Le cellier était un endroit fort prisé. Toutes les occasions étaient bonnes pour se rendre « au cul du tonneau » et « faire pleurer la chantepleure ». Il y avait toujours sur le fût, en permanence, une unique bolée que, par tradition, on ne lavait jamais et qui allait de mains en mains, convivialité oblige, et peu importait le nombre des heureux élus à la dégustation. Heureuse époque où le cidre, encore sur le devant de la scène, tenait une place importante dans notre vie de tous les jours, boisson saine et agréable lorsque, bien sûr, elle était consommée avec modération.


 

 


[1] Marie Le Garrec maitre de conférence (Journal informations)

[2] Abbe Cherel

[3] L'Avenir du Morbihan 1886

[4] Magré Gérard

[5] Bulletin municipal 1996

[6] Notes de L’Abbé Cherel la Gacilly

[7] Histoire de La Gacilly par JC Magré.

[8] Annales des Mines de France

[9] Article Coudreau journal

[10] La Batellerie Bretonne, Vie Quotidienne

[11] La Batellerie Bretonne, Vie Quotidienne

[12] Le courrier des Campagnes 1907 juillet 21

[13] Journal de Ploêrmel 1890 aout 9

[14] Rapports Conseil Général 1874 Octobre

[15] Rapports Conseil Général 1910 Aout

[16] Rapports Conseil Général 1875 Aout

[17] Rapports Conseil Général 1878 Aout

[18] Rapports Conseil Général 1880 Aout

[19] Rapports Conseil Général 1884 Aout

[20] Rapports Conseil Général 1888 Aout

[21] Rapports Conseil Général 1889 Aout

[22] Rapports Conseil Général 1910 Aout

[23] Rapports Conseil Général 1911 Octobre

[24] Rapports Conseil Général  1913 Septembre

[25] Annuaire des mines et minerais métalliques de France et d'Algérie. 1919.

[26]  Le Progrès du Morbihan -1914 août -15 août

[27] Bretagne Vivante.org

[28] Auteur Choquené-Archives Vannes IB34

[29] L’Ancienne Paroisse de Carentoir par LE CLAIRE