Dans le cartulaire de Redon, l’Aff est d’abord appelé « flumen Avus », mais également « Aeff flumen » et même EFF. Ensuite, l’orthographe devient Afft, puis Apht en 1830.
Depuis déjà très longtemps, les bateaux remontaient à Glénac puis vers La Gacilly. On sait, par exemple, que les Vikings, avec leurs bateaux à fond plat, remontèrent jusqu’à La Gacilly, et même au-delà (le déversoir n’existant pas), dans un tout autre but que le commerce. Très tôt, la commodité des transports par l’eau est apparue parce que les chemins de terre étaient peu nombreux et aussi mal entretenus, voire dangereux.
Ces transports par eau ont considérablement favorisé les rapports entre les provinces d’Anjou et de Bretagne du fait de mariniers le plus souvent indépendants. On les trouve sur le lac de Grandlieu à vider de la chaux ou sur la Seiche près de Rennes à charger du minerai. Ils passent à Glénac vers La Gacilly pour des pommes ou à Brest pour des céréales. Ils embarquent des ardoises à Angers ou débarquent de l’épicerie à Dinan.
L’Aff prend sa source dans la forêt de Paimpont avec deux branches principales.
Un filet d’eau sort du rocher sur lequel est bâtie cette chapelle, s’en va dans une fondrière qui donne naissance à un petit ru : c’est ainsi que naît l’Aff
Avec ses affluents, l’Aff couvre une superficie hydrographique d’environ 1000 km². Ce bassin englobe les territoires de 39 communes d’Ille-et-Vilaine et du Morbihan. Il est à signaler, et beaucoup de Glénacois ne s’en doutent même pas, que l’eau qui passe au bas du cimetière arrive non seulement de la forêt de Paimpont, mais également des environs de Rennes avec les ruisseaux de Guignen, par exemple, et aussi de la banlieue de Ploërmel. Cette rivière sert de limite territoriale entre les départements d’Ille-et-Vilaine et du Morbihan sur la presque totalité de son parcours, sauf pour la butte de la Croix Guillemaud (93m) en Comblessac, l’enclave de Trémeleuc en Quelneuc, et surtout, l’enclave de Cournon.
Rive droite :
Beignon, Saint-Malo-de-Beignon, Guer, Ploërmel, Saint-Jean-de-Villenars, Campénéac, Augan, Porcaro, Monteneuf, Réminiac, Tréal, Ruffiac, Saint-Nicolas-du-Tertre, Les Fougerêts, Carentoir, Quelneuc, la Chapelle-Gaceline, La Gacilly, et Glénac.
Rive Gauche:
Paimpont, Plélan-le-Grand, Maxent, Loutehel, Campel, Bovel, la Chapelle-Bouëxic, Guignen, Lohéac, Lieuron, Pipriac, Mernel, Maure-de-Bretagne, les Brulais, Comblessac, Saint-Séglin, Bruc-sur-Aff, Sixt-sur-Aff, Cournon, et Bains-sur-Oust
L’Aff a une longueur d’ environ 50 km. C’est une rivière très sinueuse, car sa source est située à une altitude relativement basse (210m) et, en plus, après 7km de parcours, elle n’est plus qu’à 70m d’altitude au Pont-du-Secret, près des Forges de Paimpont. Comme à son confluent avec l’Oust, elle se trouve à 4m au-dessus du niveau de la mer, cela lui donne un dénivelé de 66m pour un parcours de 43km, soit une pente moyenne de 1,5m au kilomètre. Le confluent avec l’Oust est situé dans l’étang Hermelin (anciennement Humelin) au Sud du bourg de Glénac, non loin de l’île aux Pies. Jusqu’au XIXᵉ° siècle, le cours était souvent encombré de pieds d’arbres, mais surtout de pêcheries installées par les riverains, ce qui allait jusqu’à occasionner de fréquentes inondations sur ces bords.
Aménagement
- 1842 – Projet de travaux sur L'Aff
- Depuis longtemps, on s'occupe des études de la canalisation de l'Aff ; elles sont terminées. J'attends de jour en jour le projet qui consiste à couper le tour de Cournon, à ouvrir un nouveau lit à la rivière dans les francs-bords du mortier de Glénac et à construire une écluse à sas qui portera à 1,60 m l'étiage de l'Aff. Il sera bien de renouveler le vœu que vous avez émis dans votre session de 1840 en faveur d'une entreprise très utile pour les cantons de La Gacilly et de Guer, ainsi que pour ceux du département d'Ille-et-Vilaine qui les avoisinent.
- 1879 – Demande d’une construction d’une écluse à l’embouchure de l’Aff M. le[6] ministre des Travaux publics faisait, par sa dépêche du 24 décembre 1879, connaître que :
- Il y avait lieu d'ajourner d'une manière indéterminée les travaux de canalisation de la partie supérieure de l'Aff, c'est-à-dire en amont de La Gacilly.
- Les ingénieurs étaient invités à étudier ce qui serait nécessaire pour achever la partie navigable (entre La Gacilly et le canal de Nantes à Brest), mais dans des conditions plus modestes que celles qui correspondent à une évaluation de dépenses de 320,000 Fr.
- Il ne paraissait pas nécessaire d'atteindre une largeur de plafond de 10 mètres uniformément (on réserverait des élargissements pour les parties les plus sinueuses), ni de porter le tirant d'eau à 1,62 m, surtout s'il devait en résulter la submersion de terrains.
- Les ingénieurs auraient d'ailleurs à indiquer dans quelles proportions il conviendrait de réclamer le concours des départements, des communes et des intéressés. L'agrandissement du port de La Gacilly paraît adopté en principe. Nous nous occupions, avec toute l'activité qui nous est permise, du travail réclamé par M. le Ministre, lorsque nous avons reçu en communication En date du 3 de ce mois, une lettre par laquelle M. le Préfet demande à M. l'Ingénieur en chef un rapport sur l'agrandissement du port de La Gacilly adopté en principe..
- Nous nous occupions, avec toute l'activité qui nous est permise, du travail réclamé par M. le Ministre, lorsque nous avons reçu en communication
- En date du 3 de ce mois, une lettre par laquelle M. le Préfet demande à M. l'Ingénieur en chef un rapport sur l'agrandissement du port de La Gacilly.
- En date du 4, un extrait du registre des délibérations du Conseil général du Morbihan, lequel, en invoquant diverses raisons, a émis dans sa séance du 7 avril le vœu qu'il fût procédé à l'amélioration de la navigation de l'Aff, non plus partiellement, mais d'une manière définitive, et de telle sorte qu'il y ait assimilation avec le canal de Nantes à Brest
- En date du 13 mai, une dépêche de M. le ministre des Travaux publics qui réclame l'avis des ingénieurs sur le vœu émis par le Conseil général.
- Comme en réalité, il n'y a qu'une question à examiner, nous croyons pouvoir nous borner à une seule réponse ; mais vu l'importance, nous lui donnerons quelque développement sans craindre le reproche d'une répétition de ce que nous aurions dit antérieurement.
- Les ouvrages autorisés consistent jusqu'à présent dans un lit de 5 mètres de largeur au plafond. Un tirant d'eau de 1 m, 10 au-dessus de l'étiage de la navigation du bief de Redon, sur le canal de Nantes à Brest, bief avec lequel il y a communication directe.
- La création d'un débarcadère à La Gacilly
- La dépense répartie sur plusieurs exercices s'est élevée à 67 825 Fr. 38, soit, pour une longueur de 8700 mètres, 7796 Fr. 01.
L'étal des choses est en ce moment
- Un chenal sinueux de 5 mètres de largeur qui, pendant plusieurs mois chaque année, disparaît quoiqu'il ait été balisé, sur deux kilomètres environ, dans ce qui est appelé Le Lac ou Mortier de Glénac.
- Un lit quelquefois trop resserré qui, lorsque les eaux deviennent grandes, est cause de courants violents sur une partie du parcours et produit une surélévation très gênante au droit du port de La Gacilly. Un tirant d'eau, en plusieurs points inférieurs à celui prescrit ; parce qu'il n'a pas été complété, ou parce qu'il y a eu par les crues des apports qui n'ont pu être enlevés en temps et lieu, des crédits maintes fois réclamés pour un entretien n'ayant pas été accordé.
- Des bateaux très souvent dirigés à la perche, ou ailleurs halés par des hommes obligés de franchir à chaque instant les nombreuses clôtures des propriétés. La nécessité d'une réduction dans le poids du chargement pour un trajet de huit kilomètres, quand sur le canal de Nantes à Brest, qu'il faut nécessairement emprunter quels que soient les points de départ ou de destination, le poids peut être au moins d'un tiers en plus.
- Cependant, malgré cet état si défectueux sous tant de rapports, le tonnage transporté s'est progressivement accru de 1624 t en 1870 à 10,136 t en 1876 pour atteindre 16,768 t en 1879.
- On conçoit dès lors l'insistance du Conseil général pour qu'il soit fait mieux. Prenant « ce qui se passe » en considération et comptant sur un développement de plus en plus prononcé, nous avions, le 26 juin 1879, regardé comme indispensable une canalisation complète, en rapport avec le canal de Nantes à Brest, soit un chenal convenablement rectifié, de 10 mètres de largeur au plafond, avec un tirant d'eau de 1,62 m , un chemin de halage et un agrandissement du port de La Gacilly dont la surface, 15 ares environ, est loin de pouvoir satisfaire aux besoins.
- Les dépenses étaient évaluées comme il suit :
- Acquisitions de terrains et dommages aux propriétés 30,000 Fr .
- Déblais ordinaires 120 000 Fr.
- Déblais sous l'eau 145.000 Fr.
- Débarcadère de La Gacilly 8.000 Fr.
- Construction d'aqueducs, ensablement du chemin de halage, plantations et dépenses imprévues 17.000 Fr TOTAL 320.000 Fr
- Une augmentation du tirant d'eau peut être obtenue de deux manières.
- Un approfondissement, ce que nous avions en vue dans les évaluations énoncées ci-dessus.
- Un approfondissement, ce que nous avions en vue dans les évaluations énoncées ci-dessus.
- Un relèvement du plan d'eau au moyen d'une écluse.
- Ce que nous connaissons des localités nous permet d'affirmer qu'en choisissant un emplacement convenable, par exemple environ à 3 kilomètres en amont de l'embouchure de l'Aff ;
- La construction de l'écluse et des ouvrages accessoires ne donnerait lieu à aucune difficulté quelque peu sérieuse
- Les terrains supérieurs généralement élevés n'auraient point à en souffrir ; au contraire, paraîtrait-il, car nous avons dû, il y a quelques années, répondre à une plainte émanée de riverains qui prétendaient que leurs propriétés s'étaient asséchées et étaient devenues moins productives depuis le creusement du chenal
Revenant à la dépêche de M. le ministre des Travaux publics, en date du 24 décembre 1879.
- Chacun le sait, des ouvrages exécutés à diverses reprises pour y apporter successivement des perfectionnements sont toujours beaucoup plus coûteux que lorsqu'on fait bien dès le début. Ainsi, en ce qui regarde l'Aff, les améliorations déjà réalisées eussent certainement été moins dispendieuses si on avait opéré dans les conditions déjà admises par M. le Ministre. Puis on réaliserait de notables économies si l'on procédait avec ensemble à l'exécution de travaux d'une utilité réelle, qui ne cesseront d'être réclamés et qui ne pourront se faire attendre longtemps.
- M. le Ministre a demandé que les ingénieurs fissent connaître dans quelle proportion il conviendrait de faire concourir les départements, les communes et les intéressés.
- On se rappellera sans aucun doute le résultat des démarches pour obtenir les premières subventions. Si nos souvenirs sont fidèles, une seule commune, celle de La Gacilly, s'est engagée pour 2500 Fr. et sur le refus des autres, les départements du Morbihan et d'Ille-et-Vilaine, pour 10,000 Fr. chacun. Il n'y a eu aucune subvention particulière.
- Il nous semble douteux que l'on doive compter sur plus, au moins de la part des communes et des intéressés. On serait d'ailleurs d'autant moins en droit de l'espérer que, si l'on se borne encore à des améliorations partielles, les vœux légitimes des populations n'auraient pas reçu satisfaction.
En résumé, nous pensons qu'il y a lieu :
- De faire droit à la demande du Conseil général. Une canalisation de la partie de la rivière de l'Aff au-dessous de La Gacilly, dans les conditions du canal de Nantes à Brest, comme largeur de chenal et de tirant d'eau.
- De prier M. le ministre des Travaux publics de prescrire des études dans ce sens.
- l'augmentation du tirant d'eau en aval de La Gacilly, soit par un approfondissement du lit, soit mieux, par la construction d'une écluse accompagnée d'un barrage. La réalisation de cette troisième partie du programme implique des dépenses élevées, même en renonçant à l'écluse, parce que les déblais sous l'eau sont on ne peut plus difficiles à exécuter dans le lit de l'Aff à cause de la présence de troncs d'arbres et de bancs que la drague est, dit-on, impuissante à entamer. Il n'est pas possible de se rendre compte de la situation sans une étude assez complète.
- Cette étude est commencée et se poursuit par les soins de M. l'Ingénieur de l'arrondissement de Ploërmel, dans les limites du temps dont peut disposer le personnel restreint de cet arrondissement.
- Les dépenses de ces études sont prélevées sur le crédit de 8,000 Fr. qui a été alloué pour l'exécution des travaux d'amélioration de l'Aff approuvée par décision ministérielle du 12 novembre 1877. En résumé, nous pensons que la navigation de l'Aff ne pourra être convenablement améliorée que par un ensemble de travaux dont la dépense maximum ne paraît pas susceptible d'être déterminée ou limitée a priori.
Notre service poursuit en ce moment les études nécessaires pour éclairer l'administration.
- Vannes, le 15 juillet 1880 L'ingénieur en chef, DE FROISSY
- 1879 : on parle toujours de l'amélioration de l'Aff.
- Cette proposition, qui est l'objet du vœu déposé par l'honorable M. Évain et plusieurs de nos collègues, vous devez la prendre en sérieuse considération, et votre 2ᵉ commission vous propose de vous y associer de la manière la plus énergique.
- « Messieurs » Dans votre session du 22 avril 1879, vous avez, sur la proposition de votre 2ᵉ commission, renouvelé avec instance le vœu que des crédits soient alloués par l'État en vue de rendre parfaitement navigable le lit de la rivière d'Aff sur tout son parcours
- . MM. les ingénieurs des ponts et chaussées, dont la sollicitude pour l'achèvement de cet important travail ne s'est pas démentie, ont préparé des avant-projets en vue d'arriver à la réalisation de votre vœu. L'un de ces projets établit que, pour canaliser l'Aff entre La Gacilly et le Pont-du-Secret, une dépense de 5 500 000 Fr. paraît nécessaire. L'autre, qui a trait à l'achèvement des travaux commencés et déjà très avancés en aval de La Gacilly, ne comporterait, sauf la dépense d'une écluse que, pour notre part, nous jugeons indispensable, qu'une allocation de 320,000 Fr.
- Nous appelons, messieurs, sur ce dernier projet toute votre sollicitude et toute votre bienveillante attention.
- En effet, il ne s'agit plus ici d'un projet sommairement étudié, et dont ni les frais définitifs, ni les réels avantages ne peuvent se traduire en chiffres précis.
- Commencé depuis douze ans, le travail d'approfondissement du chenal de l'Aff, entre La Gacilly et le canal de Nantes à Brest, est loin d'arriver à la navigabilité désirée. MM. les ingénieurs eux-mêmes reconnaissent que, aujourd'hui, « le chenal est tortueux, de 5 mètres de largeur à peine, et disparaît, quoique balisé, pendant plusieurs mois de l'année, sur une longueur de 2 kilomètres, dans le mortier de Glénac. » Le lit, quelquefois trop resserré, lorsque les eaux deviennent grandes, les retient en amont, notamment au droit du port de La Gacilly, à une hauteur très gênante, et est la cause de courants violents sur une partie du parcours. Le tirant d'eau n'est pas toujours de 1,10m.
- Les bateaux sont dirigés à la perche ou hâlés par des hommes forcés de franchir à chaque instant les clôtures des propriétés riveraines, ce qui leur enlève toute force.
- De tout quoi résulte la nécessité d'une réduction de plus d'un tiers dans le poids du chargement pour un trajet de 8 kilomètres, alors que sur le canal d'Oust, qu'il faut nécessairement suivre, il est bien supérieur, ce qui entraine une perte considérable pour les mariniers sur leur fret.
- En réalité, messieurs, dans l'état actuel, le port de La Gacilly est inabordable aux bateaux pendant cinq mois par an. Et cependant, malgré tous les inconvénients constatés par le service des ponts et chaussées, le tonnage, qui était de 1.600 tonnes en 1870, est de 10.000 tonnes aujourd'hui. Et nous pouvons affirmer qu'il monterait à plus de 20.000 tonnes, si les bateaux pouvaient y aborder avec sécurité toute l'année, car le canal absorberait tous les transports par terre si longs et si dispendieux.
- Il ressort des évaluations faites par nos ingénieurs les plus compétents que cette section de l'Aff, amenée à parfaite canalisation, n'aurait coûté que 50,000 Fr. par kilomètre, alors que la moyenne de semblables travaux donne un chiffre triple et quadruple pour des résultats bien inférieurs.
- C'est pourquoi nous vous prions de réitérer plus instamment que jamais votre vœu pour le perfectionnement de la portion de l'Aff située en aval de La Gacilly. Nous vous prions aussi de vouloir bien appeler l'attention du Gouvernement sur l'opportunité de travaux de canalisation entre La Gacilly et Guer, travaux qui, d'après les études préliminaires, ne présenteraient pas d'insurmontables difficultés.
- Louis Evain, E. Lorois, H. de la Bourdonnaye ; Comte du Bot. »
- Les conclusions de ce rapport sont mises aux voix et adoptées.