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Histoires de Pêcheurs

 

Mathurin Boudard raconte -Mathurin Boudard, 67 ans, est un pêcheur Glénacois averti. Depuis sa plus tendre enfance, le « Mortier » de Glénac, en vieux pêcheur qu'il demeure, n'a plus de secrets pour lui. À partir de quatre ou cinq ans, quand on allait garder les vaches près des marais, on pêchait en même temps avec des moyens de fortune. On allait couper une branche de saule, on recourbait une épingle en guise d'hameçon et le poisson mordait. II faut dire qu'en ce temps-là, c'était plus poissonneux que maintenant. On prenait toutes sortes de poissons : des anguilles, des tanches, des carpes, des brochets, des sandres, des gardons, des brèmes, des perches, des plies et des saumons que l'on ne trouve plus ici depuis la construction du barrage d'Arzal ; par contre, on trouve maintenant des écrevisses, elles ont dû s'échapper d'un élevage. II y a aussi des grenouilles, mais on ne s'en occupait pas tellement. Au fur et à mesure que l'on grandissait, on a commencé à construire des engins plus ou moins bien faits. On faisait par exemple des tambours (nasses). On a progressé, il fallait que l'on se débrouille. En ce temps-là, il était plus toléré que maintenant de pêcher sans permis.

Avec ce que l'on ramenait, on se faisait une petite cagnotte, car à l'époque, les parents ne lâchaient pas l'argent par la fenêtre. On vendait nos poissons à des particuliers qui venaient les chercher de Guer, de La Gacilly, de partout.

II en a été pris des morceaux. Mon frère Jean a pêché un jour un brochet de vingt-quatre livres et Robin Joachim a pris une carpe de vingt-quatre livres.

Mathurin Boudard a enregistré au cours de sa carrière de pêcheur quelques anecdotes aussi croustillantes les unes que les autres.

Histoires
Le Tabac

« Un jour d'orage, j'étais dans un autre village et il était tombé pas mal de pluie. Un copain est venu me voir et m'a demandé : « Si on faisait une talmoche (vers enfilés sur un fil) ». J'étais entièrement de son avis, nous avons fait chacun notre pelote et nous nous sommes préparés à aller à la pêche.

Mais le copain en avait un petit coup dans l'aile, je n'étais pas très rassuré, car nous pêchions dans le même bateau. Ce qui devait arriver arriva. À l’époque, je fumais ainsi que mon camarade ; celui-ci me dit : « On se fait une cigarette et on attaque. » II se mit d’un bout du bateau et moi de l’autre. Mais quand il fut pour s’assoir, il recula un peu trop loin et cela fit un plouf ! du tonnerre. Je réussis à l'arracher avec un peu de mal, car il avait sa cape sur le dos. Son paquet de tabac était tout mouillé. Il me dit : « Tu me passes ton tabac sérieux maintenant, on boit un coup et on attaque. »

Même topo, le copain va pour s'asseoir et rebelote, dedans ! II me dit : « Ramène-moi, j'en veux plus ». Il dégoulinait de partout. Qui croyait prendre est pris.

Qui croyait prendre est pris

Il y a environ soixante ans, mon défunt beau-père avait été intercepté par un garde-pêche. Celui-ci lui intima l'ordre de s'arrêter, mais le beau-père, au lieu d'obtempérer, lui lança son sac de poissons à la figure. Le garde fut suffoqué et, le temps qu'il se débarbouille, le beau-père redescend de la butte où il était et, en arrivant au bord de l'eau, il se lança à la nage. Le garde, remis de ses émotions, se lança à sa poursuite. Mais le beau-père savait très bien nager, mieux que le garde, et il lui envoya un coup de pied à la figure. Celui-ci abasourdi, rejoignit le bord, tandis que le beau-père traversait et partait en courant dans les prés en direction de Saint-Vincent-sur-Oust. Là-bas, il trouva des amis qui lui donnèrent des fringues pour se changer et après une petite restauration, il prit le chemin du retour.

En passant sur le pont de Branféré, il rencontra le garde qui s'en allait. II lui dit : « Bonjour Monsieur. » L'autre lui répondit : « Bonjour Monsieur. » II ne l'avait pas reconnu avec son nouveau costume

Dans le brouillard

« Un voisin qui s'était égaré dans le brouillard a été trois ou quatre heures à tourner en rond ». À la fin, il a atterri à Bains-sur-Oust ; là-bas, il n'était pas au bout de ses peines. Voulant faire le tour par le pont du ‘Passage’, il se mit en devoir de côtoyer le bord de la rivière, mais quelle ne fut pas sa surprise quand il mit la main sur un fil de clôture électrique ? Il fit un pas en arrière ; après ça, il s'est dit qu'il n'y avait rien à faire, il fallait qu'il passe coûte que coûte sous le fil. Mais il ne se doutait pas qu'il y avait cinq ou six taureaux dans le champ. En voilà un qui se mit à le suivre. Il n'eut que le temps d'aller rejoindre son bateau, le brouillard s'étant levé. Après tous ces déboires, il rentra tout essoufflé à Glénac

Pris dans la glace Barque

Un hiver, j'ai pêché sous la glace. La chose a eu lieu, il y a vingt-six ans, alors que j'allais me promener sur l'étang recouvert d'une quinzaine de centimètres de glace. Quand il y a de la glace sur l'eau, il y a un phénomène de translucidité, on voit au fond. C'est là que j'ai aperçu mes engins qui étaient restés pris sous la glace. En frappant du pied, il s'est formé comme une boule de vase. Là, je me suis posé exactement la même question que la chanson : « Un petit poisson, un petit oiseau s'aimaient d'amour tendre, mais comment s'y prendre ? » L'idée m'est venue de remonter chercher une grande hache. Avec celle-ci, j'ai pratiqué une saignée tout autour de mon engin. Ainsi, j'ai pu le sortir avec un crochet. Cela a été la plus belle pêche de ma vie dans un engin, je n’en ai jamais tant pris. Il y avait de tout, de la perche, du brochet, etc. Le lendemain, ayant bien entendu remis l'engin au fond, il y en avait autant : vingt kilos.

 

Interdit au professionnel.

Mathurin BOUDARD dans sa barque -

 

 

On avait un grand pêcheur, professionnel qui venait avec ses filets rafler tout. Alors les pêcheurs du coin se sont fâchés : on a planté des piquets armés de section de faucheuse. Quand il est revenu avec ses filets, les pêcheurs du coin et moi-même étions cachés derrière les haies en train de le regarder pêcher. On l'a vu tirer le filet, mais impossible de l'arracher. C'est alors que le patron a décidé d'atteler son camion sur les cordages. Impossible. Il a donné un coup de main à ses compagnons pour tirer, c'est alors que la corde a cédé. Celle-ci faisant ressort a envoyé le bonhomme à sept ou huit mètres au jus. II n'est jamais revenu.

 

 

 

 

 

 



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