Cadastre

 

Les Marais de Glénac : Age des Marais

Âge

Dans les vallées de la Vilaine, de l'Oust et de leurs affluents, le niveau d'eau est fluctuant sur des périodes courtes. Une étude des sédiments flandriens des Marais de Redon montre que ces marais n'ont de véritable existence que depuis 7.000 ans. Pendant la dernière glaciation, celle du Wurm, qui atteignit son apogée il y a 20.000 ans et se termina il y a 12.000 ans, la vallée de la Vilaine était probablement occupée par un glacier. Avec le réchauffement climatique postglaciaire, ce glacier a fondu, dégageant une vallée à fond large et plat, en forme de U, dont les pentes abruptes se sont creusées dans les moraines latérales, qui ont été déposées par les différentes glaciations précédentes et remaniées en terrasses alluviales par les transgressions interglaciaires. Après le Wurm, la première transgression a entraîné une montée du niveau de la mer. Il est passé, en 4.000 ans pour les hautes marées, du niveau de 12 mètres à 2 mètres. La rencontre des eaux douces et des eaux marines provoque la floculation des alluvions. Le fond de la vallée est occupé de plus en plus largement par des sédiments marins. Il se forme aussi une crête sédimentaire proche du lit de la Vilaine et de ses affluents. Ce cordon contribue à retenir l'eau dans les marais ou dans certaines dépressions. On peut d'ailleurs observer aujourd'hui que les terrains situés en bordure de la Vilaine ou des affluents sont plus hauts. Au niveau de Redon, l'Oust et la Vilaine se jettent dans un bras de mer. Suit une période de stagnation, où le niveau de sédimentation ne varie que de 2 mètres en 2.500 ans. Probablement à cette époque (de 3000 à 3500), la région de Redon était assez marécageuse. A la fin de cette période, le niveau zéro devait être 4 à 5 mètres sous le niveau actuel. Les vallées de la Vilaine et de l'Oust présentaient l'aspect des rias [8] actuelles à marée basse, larges lits avec des bancs de vase. Le niveau des sédiments était 8 mètres sous l'actuel.

Aspect actuel.

Une deuxième transgression brutale dépose 8 mètres de sédiments en 1.500 ans. Elle s'est produite sur les périodes historiques et s'est arrêtée au début du XIVe siècle. Depuis, le niveau de la mer semble s'abaisser. Le niveau de sédimentation a baissé du niveau 8 mètres au niveau 4 mètres au- dessus du niveau zéro des cartes maritimes, ce qui signifie qu'avant le barrage d'Arzal, les marais n'étaient recouverts que par les marées de forts coefficients. Il faut garder à l'esprit que le fond de vallée sur lequel se font les transgressions étant plat, les sédiments successifs s'accumulent les uns sur les autres. Le niveau de la mer montant, il y a peu de changements d'aspect dans la mesure où la sédimentation suit la montée océanique. Il y a, par conséquent, maintien d'une hauteur moyenne d'eau recouvrant les marais. À certaines époques, les fluctuations donnaient probablement à ces marais l'aspect des rias actuelles avec des bancs de sables et de vases, colonisés pour certains par des plantes halophiles, [9] mais tous recouverts par les marées hautes d'équinoxe. À d'autres périodes, ils prenaient l'aspect des marais actuels, prairies submergées parfois par les marées hautes de plus forts coefficients, mais inondées fréquemment à chaque crue de la Vilaine et de l'Oust.

La dernière transgression s'est terminée vers 1300. Un parchemin de 1543 montre qu'à l'aval de Redon, le marais a pratiquement son aspect actuel.

Qu'en était-il au temps de Nominoë et Saint Conwoïon, c'est-à-dire au IXe siècle ? Nous constatons, sur la courbe de sédimentation, que le niveau était à environ 5,5 mètres, plus d'un mètre au-dessus du niveau actuel. Le paysage du marais n'était pas le même qu'aujourd'hui, le maximum de sédimentation n'avait pas encore été atteint. Donc, les zones qui sont aujourd'hui toujours hors d'eau, même en période d'inondation, n'existaient pas à cette époque et les marais devaient être plus largement inondés en période de grandes marées et d'inondations. Comme à l'époque la sédimentation était plutôt marine, on peut penser que le marais était occupé par un bras de mer et que la traversée de ce marais ne pouvait se faire qu'en bateau au niveau de Redon

L’île aux PIES

l'Ile-aux-Pies

 

Géologie.

Toute [10] la partie basse du site est occupée par des alluvions modernes argilo-sableuses, surmontant schistes et arkoses [11] de Bains-sur-Oust. Cette partie était autrefois régulièrement inondée ; les alluvions déposées en couche importante en font une zone fertile quand elle est assainie. La partie élevée correspond au granité feuilleté de Lanvaux. L'Oust a percé cette barrière Est - Ouest pour former la cluse ou la gorge de l'Ile-aux-Pies. Cette cluse a donc donné naissance à de vertigineuses falaises de plusieurs mètres de haut utilisées par les écoles d'escalade.

Il est intéressant de se pencher sur la naissance de la cluse en émettant une hypothèse de formation en trois périodes :

1e époque

Lanvaux

 

La barre granitique des Landes de Lanvaux a été cassée par les mouvements d'ensemble de l'Armorique. La rivière s'écoule vers le Sud.

 

 

2e époque :

Le Massif Armoricain, dans la région, a été soulevé en basculant vers le sud. La rivière a creusé sa vallée en déblayant les débris de la faille.

3e époque :

formation

La cluse formée donne l'illusion que la rivière a coupé en deux l'obstacle formé par le massif granitique. En réalité, elle n'a fait que profiter d'une brèche et l'agrandir. En amont, le ralentissement de l'écoulement a entraîné la formation du marais et des îles.

 

 

État actuel

L’Oust, dans sa course vers la mer, a su trouver des failles dans la barrière de granité de Lanvaux et a dégagé son chemin par une cassure spectaculaire dans les collines, à savoir une gorge. Le Vieil Oust correspondant à la partie en amont de la cluse connaît un environnement exceptionnel.

Pour ce qui concerne le canal achevé en 1855 pour la partie longeant la commune, ses berges ont été plantées de milliers d'arbres dans le but de stabiliser les berges et les levées. Les roseaux, les joncs et autres plantes semi-aquatiques jouent le rôle d'amortisseurs naturels au ressac provoqué par les bateaux et protègent les berges par rapport à l'érosion. Cependant, l'Oust n'est canalisé que du barrage de la Potinais à l'écluse de la Maclais.

Nous pouvons établir des changements qu'ont connu le site de l'Ile aux Pies et du Mortier de Glénac grâce au cadastre napoléonien que l'on peut comparer à celui actuel.

Au milieu du XIXe siècle on constate que le site de l'Ile-aux-Pies se divise en une multitude de petites parcelles laniérées.

Cadastre Napoléonien -

 

Une évolution importante est à noter : il s'agit de la partie droite du site qui a été remembrée, le remembrement ayant pris fin en 1974 sur la commune. Avant le remembrement, les terres de cette partie étaient réparties en une multitude de petites parcelles de très petite largeur clôturées jusque dans l'eau. L'entretien de ces parcelles ne pouvait que se faire à la main. Il était impossible d'y faire entrer une charrette et encore moins une machine agricole. Seule la brouette pouvait être utilisée. Ainsi, toute personne non propriétaire d'une parcelle longeant le bord de l'Oust et surtout du Rio de la Borde ne pouvait approcher de l'eau. Cette partie ainsi remembrée représente un intérêt touristique, car elle comprend d'une part le camping municipal construit dans les années 1970, la prairie et la plage.

La partie concernant le belvédère ne représente, quant à elle, aucun intérêt, si ce n'est celui du point de vue exceptionnel. Cette partie ne peut être utilisée ni comme pâture ni comme terre de cultures en raison d'un sol pauvre et de problèmes d'accessibilité. Cependant, ce site était utilisé autrefois par les autochtones pour leurs animaux en tant que pacage et zone de litière et de foin. De plus, le cadastre actuel conserve comme chemins d'accès au Belvédère les limites des parcelles du cadastre napoléonien. Ces limites parcellaires ont été donc transformées en chemins de remembrement.

L'autre approche d'une évolution peut se faire grâce aux photos aériennes, sources plus importantes d'informations étant donné qu'elles fournissent quelques précisions sur le type de végétation présent sur le site. Une photo du début des années 1960 et une autre de la fin des années 1970 montrent des changements notables dans le paysage du site. Ces photos, prises à presque 20 ans d'intervalle, permettent ainsi de faire l'état des lieux avant et après le remembrement. Le remembrement et ses conséquences, l'envasement et l'extension forestière sont les trois faits marquants ressortant de l'étude de ces photos aériennes.

Le phénomène le plus patent est l'envasement. On a donc affaire à un site mobile. Les zones d'extension de l'envasement entre 1961 et 1978 sont le nord de l'île de Bourreu et le Mortier de Glénac. Les bancs de vase au début des années 1960 forment, à la fin des années 1970, des îlots, comme par exemple celui au nord de l'île- aux-Geais. Mais certains îlots ont disparu du fait de l'invasion des ragondins minant par leurs terriers la base de ces îlots. Ceci a pour conséquence que la végétation installée meurt, en particulier les arbres indispensables à l'existence de l'île puisque, grâce à leurs racines, ils maintiennent la vase. Pour la partie concernant le marais, on constate qu'en 1961, le cours du Vieil Oust, c'est-à-dire celui non canalisé, est très diffus contrairement à la fin des années 1970 où le cours de l'Oust est très bien délimité. Ainsi le cours de l'Oust se réduit par l'envasement qui forme des terres émergentes sur lesquelles s'installe la végétation telle que les saules. Donc les étendues d'eau libres diminuent fortement. Il en est de même pour la surface du marais. Il s'agit pour l'essentiel d'un manque d'entretien venu du changement des modes de culture et de l'évolution du monde agricole.

Outre l'envasement, on remarque l'extension de la végétation. Les coteaux de Saint-Vincent, occupés traditionnellement par de petites parcelles cultivées, sont couverts de conifères. La lande boisée s'est développée tout au long de l'Oust, surtout entre le barrage de la Potinais et l'écluse de la Maclais et sur sa rive droite. On assiste à l'embocagement du site puisqu'il n'y avait aucun arbre, il y a quelques années. En outre, l'utilisation de faucheuses manuelles permettait aux paysans de couper les foins sur les bords de l'île de Bourreu, ce que les machines, actuellement, ne peuvent faire, d'où le boisement de pourtour de cette île constaté entre 1961 et 1978

Le remembrement, achevé en 1974 sur la commune, a modifié l'image du site. Aux petites parcelles des années 1960 ont succédé de grandes parcelles, sauf pour la partie concernant le rocher. On retrouve, en 1961, le long du Rio de la Borde, de toutes petites parcelles, séparées par des rangées de palis. De plus, on remarque que Bourreu, occupée par des pré-marais non délimités en 1961, a été assainie et utilisée comme prairie artificielle pour la culture du maïs en 1978

Quant au marais, né de la rencontre du mascaret [12] et des crues hivernales, il est actuellement en voie d'assèchement depuis la construction du barrage d'Arzal en 1965, destiné à réduire le mouvement des marées afin de faciliter l'évacuation des eaux de la Vilaine pendant les périodes de crues. Ce barrage avait pour but d'être une réserve d'eau potable pour la population comprise entre Auray et Saint-Nazaire, mais aussi de faciliter la navigation commerciale et le tourisme fluvial. Mais ce barrage d'Arzal, bien qu'il soit bénéfique pour beaucoup, entraîne un dessèchement du mortier de Glénac qui devient une vraie tourbière au confluent de l'Aff et de l'Oust, ce qui a pour conséquence une diminution du gibier, mais aussi la disparition de plantes caractéristiques des milieux marécageux.

En somme, le site de l'Ile-aux-Pies n'a pu qu'être un lieu privilégié pour l'usage des hommes tant par la présence de l'Oust que par celle des marais. L'évolution paysagère marque une évolution dans l'utilisation même du site. À chaque type d'utilisation correspond un paysage

[8] Un aber (mot celtique signifiant estuaire) ou une ria (mot galicien) est une vallée de fleuve envahie par la mer. La géographie internationale utilise le mot RIA ; mais le mot breton aber est aussi utilisé.

[9] La plante halophile est une plante adaptée aux milieux salés

[10] Annales de l’A.P.P.H.R 1999

[11] l'arkose est une roche détritique riche en quartz, mais il a comme originalité d'être un grès grossier, feldspathique. Par ailleurs, son liant est argileux, et non calcaire, ce qui augmente sa résistance dans le temps à la pluie

[12] Les eaux maritimes remontaient la Vilaine formant un véritable courant jusqu’aux marais



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