Croix - Histoire de Glénac

• Quelques mots (24) d'abord nous semblent indispensables sur la matière même des croix. Si elles sont, en effet, taillées, pour la plupart, dans le granit, qui abonde dans l'ouest du Morbihan, il importe de dire qu'à l'est du département, c'est le schiste qui prédomine. Au sud-est, la lame peu épaisse de schiste fait quelquefois place à la croix de fer élégamment ciselée à jour ; au nord-est, on ne rencontre guère que de grandes croix de bois dont les bras grêles sont terminés par une sorte de pomme, et sur le pied desquelles est sculptée une petite niche souvent accompagnée d'une croisette.
• Ces dernières croix ne doivent pas être confondues avec les hauts crucifix, également en bois, qu'on trouve dans tout le département, à l'entrée de chaque paroisse ou près de l'église, et qui sont désignés particulièrement sous le nom de calvaires ou de croix de mission. Les exceptions signalées, nous revenons à la croix de pierre (granit ou schiste), dont nous allons désormais nous occuper exclusivement.

I-Typologie des croix

On peut diviser les croix de pierre en deux espèces principales :

• La croix funéraire : s'élève au milieu du cimetière de chaque paroisse ; on la rencontre aussi fréquemment à côté des chapelles qui n'ont point, mais qui, très probablement, ont eu autrefois leur champ des morts, comme presque toutes les chapelles du Moyen Âge.
• La croix de carrefour : marque le point de jonction de deux ou de plusieurs routes ; c'est devant elle que les parents et les amis se font un adieu quelquefois éternel ; assez souvent, elle annonce le voisinage d'une chapelle, où conduit un des chemins qui se présentent.
• La croix isolée : aperçue tantôt sur le rivage de la mer, tantôt sur le bord du chemin, tantôt au milieu d'une lande. Ces croix portent généralement chacune un nom particulier et une légende spéciale. Quelquefois, la pierre elle-même porte un instrument figuré rappelant le fait auquel est attribuée son érection (marteau, couteau, épée, etc.).

Sous un autre point de vue, les croix de pierre peuvent encore se diviser en deux catégories :

1. La croix proprement dite : pied planté dans le sol ou sur une base peu élevée.
2. Le calvaire : croix de pierre portée sur un large socle servant de table d'autel, exhaussé par plusieurs degrés, souvent sculpté.

 

II. Étude générale (25)des croix

• A. Situation et orientation

• Les croix des cimetières sont généralement orientées vers l'Ouest.
• Sur le bord des routes, elles font le plus souvent face à la voie

• B. Matériaux utilisés

Schiste ardoisier : matériau très abondant, utilisé surtout pour les croix les plus anciennes.

Granit : utilisé pour les croix plus récentes ou celles comportant des sculptures en relief.

Fer : plus rare, surtout au sud-est.

Bois : grandes croix au nord-est.

• C. Structure

Le fût : partie verticale, section variable (rectangle, losange, forme ronde).

Les branches : bras horizontaux, parfois appelés croisillons, séparés par des redents.

L’empattement : élargissement à la base du fût, souvent triangulaire.

Le soubassement : base rectangulaire, en moellons de schiste ou granite, parfois couverte d'une dalle.

Le décor : face antérieure ornée (gravure, sculpture, monogrammes, armoiries, personnages).

• D. Décor

  • Décors courants :
    • Cinq plaies du Christ (cinq trous)
    • Croix gravée ou en relief • Monogramme IHS
    • Cœur • Titulus INRI • Écus ou armoiries
    • Personnage (le Christ)
    • Plusieurs personnages (croix en granite, fin Moyen Âge ou XVe siècle)

III. Types de croix

 

Type de croix	Description
Croix latine	Fût plus long que les bras, aussi appelée croix du Christ ou croix haute
Croix grecque	Quatre bras égaux, aussi appelée croix mixte
Croix celtique	Inscrite dans un cercle, extrémités débordantes
Croix pattée	Branches s’élargissant vers l’extérieur
Croix de Malte	Croix grecque pattée, extrémités échancrées
Croix tréflée	Branches terminées par trois demi-cercles
Croix trilobée	Trois branches en demi-cercle, répartition géographique limitée
Croix redentée	Branches inscrites dans un carré ou rectangle, profil extérieur des redents

 

IV. Datation

• L’approche chronologique des croix monumentales est difficile, surtout pour les plus anciennes (Haut Moyen Âge). Pour la fin du Moyen Âge et les siècles suivants, on dispose de repères grâce au décor, à la mouluration des fûts et des redents.

VI. Exemples locaux

• Croix du cimetière

1. Croix historiées (27) à plusieurs personnages. Croix et fût taillés dans un seul bloc, croix-tableau massive, contours lobés, bas-reliefs frustes et plats. Crucifixion en face ouest, Christ tenant deux croix au revers.
2. Datation : XIVe ou XVe siècle. D'autres croix du XVe siècle présentent (28) un sommet en quatre-feuille ou en tau surmonté d'un demi-cercle polylobé (croix de Glénac).

• Croix de Sourdéac

 

• Croix de Tréhat

• À l’Est, intersection du CD 149. Croix latine en palis, sur soubassement, branches pattées, datée de 1607 (29).
• Protégée par les monuments historiques.

 

• Croix du Verger

• À l’angle de l’ancienne voie Romaine et de la route CD 6.
• Croix monolithe en schiste, croix palis pattée, base du XVIIe siècle

 

• Croix de la Lune

• Située à l’angle de l’ancienne voie Romaine (aussi appelée Chemin de Redon sur le cadastre de 1824 ; ancienne route des Fougerêts) et de la route C1 allant vers la Gacilly.
• Nom de " Croix de justice " où l’on rendait la justice (Cré d’la lune) par les gens du pays Il semblerait que l’on jugeait « les Bleus » pendant la période de la Chouannerie, avant l’exécution de la sentence à Saint-Jacob.
• Fait étrange : on ne retrouve pas loin de là une ancienne maison portant le nom de « Gendarmerie » dont on ne possède pas beaucoup de détails, sauf quelques vieux papiers écrits en langage vieux François, « on ne sait pas ce qu’ils sont devenus ».
• Croix latine simple [30] C'est une variante à branches courtes, unique dans le canton. Mesurant 2,76 m de hauteur (maintenant entre 1,97 m et 2,15 m depuis qu’elle aussi a subi un incident de parcours), avant elle faisait le double de largeur, il a fallu tout retailler pour récupérer le bras droit cassé près du choc. (une charrette a reculé dans la croix).
• À côté de la croix de la Lune Il existait une ancienne carrière comblée depuis par les ordures ménagères, et dans cette carrière il aurait existé un souterrain, où une charrette avec les bœufs aurait disparu. La tradition dit aussi que : « quand on frappait le sol dans certains endroits, celui-ci sonnait le creux ». À vérifier ?
• Des anciennes personnes disent que, du côté de la croix de la Lune, il existait les fondations d’une ancienne chapelle, se trouvant à 100 mètres environ en direction du bourg (à voir) ?

 

• Croix de Port-de-Roche

 

VI- Croix en souches et croix disparues

• • Croix en souches :

  • Pour exorciser une maison, on plaçait une croix en quartz blanc dans la cheminée (exemples à Saint-Just, Lieuron, Renac, Glénac, etc.).

 

• Croix disparues :

• Croix d’Hermelin qui se trouvait à l’angle du chemin romain et du chemin de Launay allant vers la Bouie. Socle en pierre et croix en fer, elle existait encore dans les années 1950.
• Croix des Rosées à côté des communs, juste un peu plus loin que la croix d’Hermelin en direction de Choiseul, sur la butte où passe le ruisseau allant en direction de Choiseul, pas loin du Grand Chemin : elle existait encore en 1930-1940.
• Croix en pierre sur le Grand chemin allant à Saint-Jacob, juste avant la séparation de Glénac et des Fougerêts, elle existait encore dans les années 1944-1945.

Sources

• [24] Mémoires lu à la Sorbonne séances extraordinaires archéologie p 269
• [25] Croix Monumentales du Canton de la Gacilly par J-P DUCOURET
• [26] Choses de « Chez nous »
• [27] Société d’histoire et d’archéologie tome LXIII 1986
• [28] Mémoires lu à la Sorbonne séances extraordinaires archéologie p269
• [29] Société d’histoire et d’archéologie tome LXIII 1986
• [30] Société d’histoire et d’archéologie tome LXIII 1986