LA  FAUNE

 

LES  POISSONS- LES  AMPHIBIENS -LES  INSECTES.- LES MAMMIFÈRES-LES OISEAUX DES MARAIS

Les poissons migrateurs

En [1]raison de la proximité de l'Océan Atlantique, la Vilaine aval et ses affluents ont de tout temps vu la présence d'espèces migratrices amphihalines qui, après avoir passé une partie de leur vie en mer, rejoignent nos rivières pour s'y reproduire. Ces espèces, ce sont l'anguille (Anguilla anguilla), la lamproie marine (Petromyzon marinus], l'alose (Alosa alosa), le saumon atlantique (Salmo salar), la truite de mer (Salmo truffaf.truffa), le mulet (Liza ramada) et le flet (Platichthys flesus).

Malheureusement, ces poissons migrateurs ont bien failli disparaître du bassin de la Vilaine. Les travaux de canalisation réalisés notamment sur la Vilaine et sur l'Oust ont détruit des zones de frayères et la construction du barrage d'Arzal au niveau de l'estuaire, en 1970, a également contribué au déclin de ces espèces en entravant leur remontée vers les lieux de reproduction. A cela s'ajoute aussi les multiples pollutions chimiques des rivières. Les populations d'anguilles ont alors considérablement régressé. Les aloses n'étaient plus observées en amont du barrage et pour les salmonidés, leur présence n'était que très rarement signalée.

En 1996, une passe à poissons équipée d'un système de vidéo-comptage et d'un piège à civelles a été installée au niveau du barrage d'Arzal, permettant ainsi de rétablir la communication entre le milieu marin et fluvial et donnant à ces espèces amphihalines la possibilité d'atteindre certaines de leurs frayères. Un suivi de ces migrations est aujourd'hui mis en place grâce à cette passe, mais aussi par l'étude des zones de reproduction, les déclarations de capture des pêcheurs et leurs observations.

 

L'Anguille

L’Anguille

 On a ainsi pu constater que l'anguille, espèce emblématique des Marais de Redon, bien que présente sur l'ensemble du bassin, est en forte régression depuis une vingtaine d'années. Cette diminution, due entre autres à la pêche des civelles, aux barrages et aux maladies (parasitose), se ressent en particulier en amont du bassin.

Quant aux salmonidés, saumon atlantique et truite de mer, après avoir pratiquement disparu suite à la construction du barrage d'Arzal, des individus sont maintenant régulièrement observés sur le bassin de la Vilaine depuis la construction de la passe à poissons.

 Le  Saumon Atlantique

 

Le Saumon

 Les zones de reproduction accessibles pour le saumon atlantique se situent sur certains affluents de la Vilaine et de l'Oust : la Claie, l'Arz, le Trévelo et le ruisseau de Pesle sur lesquels des juvéniles (tacons) ont été recensés lors de pêches électriques. Actuellement, il est impossible pour le saumon de remonter plus haut sur l'Oust, le point de blocage se situant au barrage de Foveno, sur la commune de Saint-Congard. Celui-ci n'est pas équipé de dispositif de franchissement comme les 5 barrages existant en aval. A ce jour de nombreuses frayères restent inaccessibles, en raison d’anciens barrages de moulins qui jalonnent les affluents de la Vilaine et de l'Oust. L'Oust présente d'ailleurs le plus gros potentiel pour la reproduction. Le stock actuel, trop faible, ne permet pas d'autoriser les prélèvements par la pêche. 

La Truite de Mer

Truite de Mer

 La truite de mer est une espèce méconnue, ce qui entraîne de fréquentes confusions des adultes avec le saumon et des juvéniles avec la truite fario. Sur le bassin de la Vilaine, elle fréquente les mêmes secteurs que le saumon et ses zones de frayères sont identiques. Quelques gros sujets, de taille supérieure à 70 cm, ont été capturés ou observés lors de franchissement de barrages. L'analyse du vidéo-comptage réalisé à la passe à poisson d'Arzal semble indiquer que la population est plus importante que celle du saumon.

La  Lamproie Marine

 

Lamproie Marine

 L'aire de répartition de la lamproie marine s'est fortement réduite depuis le XIX siècle, en raison de la construction de nombreux barrages. D'autres facteurs, comme l'extraction de granulats ou le colmatage du lit lié aux activités humaines, sont également responsables. Enfin, la durée de la phase larvaire rend l'espèce particulièrement vulnérable, notamment vis à vis des polluants susceptibles de s'accumuler dans les sédiments, qui constituent son habitat à ce moment là de sa vie.

La construction du barrage d'Arzal a constitué un véritable verrou pour la migration des espèces amphihalines. Grâce à un comportement opportuniste, certaines lamproies franchissaient toutefois l'ouvrage lors d'éclusées ou de certaines configurations du vannage. La réalisation de passes à poissons à Arzal en 1996, puis sur l'Oust (5 ouvrages) et l'Arz (2 ouvrages) permet actuellement aux géniteurs de regagner des zones de frayères autrefois inaccessibles. On trouve les frayères de lamproie marine, sur des faciès à écoulement lotique. La lamproie marine fait l'objet depuis 1996 d'un suivi par vidéo-comptage au barrage d'Arzal (Institut d'Aménagement de la Vilaine) et par comptage des frayères (Conseil Supérieur de la Pêche). Certaines années, des conditions hydrauliques exceptionnelles lors de la migration permettent aux géniteurs de rejoindre des zones de frayères situées en amont des points de blocages habituels. L'année 2001 constitue actuellement la référence en ce qui concerne les limites amont atteintes.

Actuellement les principales zones de frayères sont localisées sur :

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      L'Arz (limite amont: moulin d'Arz, commune de Malansac)

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  La Claie (limite amont: moulin de la Béraudaie, commune de Bohal)

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  Le Ruisseau de Pesle, affluent du Trévelo (limite amont: Moulin de Pesle, commune de Limerzel

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  L'Oust (Rivière des Fougerêts et zones situées en aval des barrages jusqu'à Foveno, commune de Missiriac)

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  Certains petits cours d'eau, affluents de la Vilaine, occasionnellement colonisés (Ruisseau d'Arzal, Ruisseau du Rodoir, Etier de Marzan, Trévelo, Ruisseau de Roho).

Une poursuite du programme d'accès ou de reconquête des frayères ne peut que favoriser la dynamique de l'espèce sur le bassin de Vilaine.

L'espèce est classée "espèce vulnérable" en Europe et en France. Elle figure également à l'annexe III de la convention de Berne et II de la Directive Habitats - Faune - Flore. Les zones de frayères peuvent bénéficier de mesures de protection dans le cadre d'arrêtés de biotopes.

Les Poissons d’Eau Douce

                                                         Ces espèces migratrices ne sont bien sûr pas les seules à fréquenter nos cours d'eau et nos marais. Les espèces d'eau douce y ont également leur place. La majorité des espèces rencontrées est adaptée aux milieux profonds de faible vitesse d'écoulement.

 

Les Espèces d’eau vive

                                On y trouve cependant quelques espèces d'eau vive, telles que le chevaine (Leuciscus cephalus) et la vandoise (Leuciscus leuciscus) qui appartiennent à la famille des Cyprinidés et la loche franche (Nemacheilus barbatu lus).

 

Chevaine

Vandoise

 Par contre, l'habitat est moins favorable au goujon (Gobio gobio) qui fréquente de préférence les zones sableuses ou limoneuses des berges. La présence du vairon (Phoxinus, phoxinus) sur certains habitats, comme les végétaux en berge, est probable mais n'a pas été attestée. Le spirlin (Alburnoides bipunctatus) a été identifié à deux reprises sur la Claie, mais sa présence doit être considérée comme exceptionnelle.

 

Vairon

Spirlin

 

Grémille

Goujonne

 

Epinoche

Des Espèces plus Rares

 

                                        La grémille (Gymnocephalus cernua) est une espèce discrète, elle est présente sur l'ensemble des eaux calmes du bassin. La présence de la gambusie (Gambusia affinis), espèce d'Amérique du Nord, est attestée sur le Canal de Nantes à Brest à Saint-Nicolas-de-Redon. La loche franche (Nemacheilus barbatulus) est localement présente sur le même type d'habitat que le goujon. Quant à l'épînoche (Gasterosteus aculeatus), elle est présente principalement dans les annexes hydrauliques et dans les fossés des marais. Il existe peu de données sur l'épinochette.

 Les Espèces d'Eau  Calme

                                        Pour les poissons d'eau calme, on pourra observer le gardon (Rutilus rutilus), le rotengle (Scardinius erythrophtalmus), l'ablette (Alburnus alburnus), la brème commune (Abramis brama) et bordelière (Blicca bjoerkna), la carpe (Cyprinus carpio) et la tanche (Tinca tinca). Les conditions rencontrées sur la Vilaine aval et ses affluents sont plus ou moins favorables à ces espèces. En effet, la réduction des zones de marais, par exemple, ne favorise ni la tanche, ni la carpe. D'autres, comme la brème commune semble trouver dans les eaux eutrophisées les conditions adéquates pour son bon développement.

On pourra remarquer l'absence de certains Cyprinidés communs en France, comme le hotu (Chondrostoma nasus) ou le barbeau (Barbus barbus). Cela peut s'expliquer par le fait qu'avant la construction du Canal de Nantes à Brest, la Vilaine était, comme la plupart des cours d'eau bretons, isolée des autres grands bassins hydrographiques français.

Face à ces espèces, il en existe d'autres qui, suite à leur introduction sur notre territoire, sont aujourd'hui classées comme susceptibles de provoquer des déséquilibres biologiques. C'est notamment le cas de la perche soleil (Lepomotis gibbosus) et du poisson chat (Ictalurus melas), espèces que l'on retrouve dans les Marais de Redon et de Vilaine. L'écrevisse américaine (Orconectes limosus) est également présente. L'écrevisse de Louisiane (Procambarus clarkii) a été identifiée en 2005 sur le Mortier de Glénac (Conseil Supérieur de la Pêche). Cette espèce invasive risque de se développer rapidement au dépend de l'écrevisse américaine.

 Carpe

 

Gardon

Rotengle

 

Ablettes

Tanche

Brème Commune

Perche Soleil

Poisson Chat

Ecrevisse de Louisiane

Les  Carnassiers

Les carnassiers sont présents, avec le brochet, le sandre, la perche, le black-bass à grande bouche et le silure glane.

Brochet

Le Brochet

Le brochet (Esox lucius) est aujourd'hui en forte régression sur le bassin de la Vilaine. Son mode de reproduction nécessite d'avoir accès à des annexes hydrauliques ou à des prairies inondées, de façon à pouvoir déposer sa ponte sur une végétation aquatique faiblement immergée. Or, à l'heure actuelle, sur la Vilaine et sur l'Oust, la réduction des zones de débordement et les durées de submersion plus ou moins favorables rendent sa reproduction plus difficile. Par ailleurs, les Marais de Redon et de Vilaine connaissent sur certains secteurs un phénomène d'envahissement par des plantes aquatiques exotiques, telles que la Jussie, le. Myriophylle du Brésil et l'Elodée dense. Ces plantes colonisent les frayères, les rendant inutilisables pour le brochet.

Dans un milieu peu perturbé, l'introduction de nouvelles espèces de poissons carnassiers a généralement peu d'impact sur les espèces en place. Dans le cas de la Vilaine, on a assisté au développement du sandre puis plus récemment du silure glane. Le brochet est peu vulnérable à la prédation car les stades juvéniles sont protégés dans la végétation. De plus, le brochet se nourrit préférentiellement dans les eaux peu profondes, alors que le sandre et le silure sont plutôt adaptés à une prédation dans les eaux plus profondes et turbides. Si actuellement le développement de ces espèces semble se faire aux dépens du brochet, c'est principalement en raison des pertes de zones de frayères et de l'eutrophisation. Les nouvelles espèces sont mieux adaptées à un tel milieu et sont par ailleurs nettement plus prolifiques que le brochet. Enfin, leur reproduction n'est pas inféodée à la présence de végétaux aquatiques et leurs zones de reproduction sont peu sensibles aux variations du niveau d'eau.

Le black-bass

Black-Bass

Le black-bass à grande bouche (Micropterus salmoides) rencontre un peu les mêmes difficultés que le brochet, puisqu'il fréquente les zones peu profondes possédant des végétaux aquatiques. Venant d'Amérique du Nord, il est arrivé dans les Marais de Redon et de Vilaine vers 1920 et s'est installé préférentiellement dans les marais autour de Redon, au niveau du cours inférieur de l'Arz, de l'Aff et de l'Oust, ainsi que dans certains étiers et douves de la Vilaine aval.

Le Sandre

Le Sandre

 Le sandre (Stizostedion lucioperca), quant à lui, semble mieux adapté que le brochet aux conditions actuelles du milieu. Ce poisson, originaire d'Europe de l'Est et introduit sur le bassin de la Vilaine dans les années 50, fait l'objet d'une pression de pêche importante de la part des pêcheurs amateurs, mais aussi des pêcheurs professionnels.

Le silure glane

 

Le Silure

 

Le silure glane (Silurus glanis) est plutôt un poisson d'eau profonde et s'il est apparu sur l'Aff, à la Gacilly dans les années 90, c'est principalement sur l'Oust aval et la Vilaine aval qu'on le retrouve aujourd'hui, ces cours d'eau lui proposant des conditions plus adaptées. Peu péché, il n'est pas rare à l'occasion de capturer des sujets pouvant atteindre les 30kg.


 

LES  AMPHIBIENS

Grenouille de Lessona Grenouille verte Pélodyte ponctué

Grenouille rousse

La Grenouille Rousse: [2]

Abondante sur tout le territoire français en différents milieux: forêts, prairies, jardins, étangs, le dos est brun, beige ou roux et elle se distingue par une bande noire derrière l'œil, taille de 6 à 9 cm; elle est de mœurs nocturnes et essentiellement terrestre, très active par temps de pluie. C’est l’une des premières à sortir de son hibernation dès février et à se reproduire ; à ce moment là, elle gagnera l’eau pour s’accoupler et y déposer ses œufs, les mâles émettant un ronronnement sourd audible à quelques mètres seulement; puis au bout de trois semaines, elle retournera à sa vie terrestre.

La Grenouille Agile.

 Elle  Ressemble énormément à la grenouille rousse; elle doit son nom à l’ampleur de ses bonds : 2m ; sa ligne est donc élancée avec de longues pattes postérieures;

Entièrement terrestre, sa ponte a lieu en un temps record dans des ornières inondées ou mares forestières: elle est en raréfaction à cause du drainage des fossés où les têtards ne peuvent survivre.

Avec la petite grenouille verte en raréfaction, la grande grenouille rieuse jusqu’à 15 cm et la grande grenouille verte qui est une hybride des deux précédentes de 6 à 10 cm: toutes de mœurs aquatiques.

Grenouille verte

La notoriété batrachologique des Marais de Vilaine a longtemps été étroitement rattachée aux grenouilles vertes, non seulement parce que les populations de ces amphibiens y étaient abondantes jusque dans les années 1960, mais aussi parce qu'à l'initiative du Comité de Coordination pour l'Aménagement du Pays de Redon (CO-CAPAR)*, un important travail fut entrepris par l'E.N.S.A. (Ecole Nationale Supérieure Agronomique) de Rennes sur les "Perspectives d'aquaculture dans les Marais de Redon". Parmi les diverses suggestions que présentait ce travail, figurait un projet se rapportant à la raniculture.

C'est pourquoi, dès 1979, André Neveu   commença une étude et un suivi des grenouilles vertes des Marais de Vilaine, dans le cadre d'un suivi quantitatif des populations dans les Marais de Gannedel, de la Roche du Theil et des alentours de l'Etang Aumée. Cette étude se poursuit de nos jours mais, cette fois, par une approche plus qualitative en faisant état du peuplement de grenouilles des Marais de Vilaine et de sa distribution locale, à l'occasion de deux prospections annuelles, estivale et automnale.

Dès 1979, Marie-Renée Bouchard et Valérie Régnier y avaient déjà noté l'érosion des effectifs : "la pêche à la grenouille, traditionnelle autrefois dans ce pays où les cuisses de grenouilles sont particulièrement appréciées, n'est plus pratiquée que par des enfants. Cette situation reflète l'évolution récente des populations naturelles qu'une enquête auprès des pêcheurs et des agriculteurs nous a permis d'appréhender. Selon eux, le déclin des populations est très net depuis les 20 dernières années et se traduit par un nombre de captures beaucoup plus faible qu'auparavant : les meilleures pêches ne dépassent pas 200 grenouilles par jour et par pêcheur, contre 1000 il y a 20 ans. "(1979).

Avec la mise en service du barrage d'Arzal, ce déclin s'est accéléré de façon catastrophique et s'explique en grande partie par la dégradation ou la disparition des milliers d'hectares de frayères que représentaient les prairies inondables. Selon le Professeur Dupont, "les vastes prairies banalisées, dominées par la houlque laineuse, que l'on rencontre en beaucoup de points constituent sans doute, avec les friches nitrophiles riveraines à ortie et liseron des haies, la meilleure illustration de cet appauvrissement. Malgré les transformations opérées, il reste des zones très humides, particulièrement à l'arrière des marais où se trouvent en général les parties les plus basses et où se produisent des arrivées d'eau douce à la base des coteaux. Malheureusement, ces zones tendent à être abandonnées et s'envahissent d'espèces sociales. Ainsi, de vastes peuplements d'œnanthe safranée se sont installés dans le fond des marais au sud-ouest de Bocquereux. Beaucoup de parcelles sont plus ou moins envahies de joncs ou de roseaux. De petites aulnaies existent par places, comme près du Val. (1999).

André Neveu et ses collaborateurs, à partir de captures dans les marais, étangs et mares de Gannedel, de Murin, de Langon et de Beaumelas, avaient, en 1979, établi la présence dominante d'une population de Rana lessonae : "nous sommes en présence d'une population de Rana lessonae dominante avec, sans doute, quelques individus Rana esculenta, compte-tenu d'une certaine variabilité de morphologie entre les individus. Dans d'autres sites, il est probable que l'on rencontre ces mêmes espèces, toutefois la proportion entre les individus R. lessonae et R. esculenta doit être variable. Il est regrettable que nous n'ayons pu confirmer ces observations par des méthodes biochimiques (tests sérologiques).

Les observations, effectuées ces dernières années par Didier Montfort, accréditent désormais exactement l'inverse, à savoir une population majoritairement constituée de Rana esculenta, klepton nettement plus euryèce que la Grenouille de Lessona qui, elle, est une espèce exigeante quant à la qualité des habitats aquatiques ou subaquatiques. La Grenouille rieuse (Rana ridibunda), en expansion dans l'Ouest, et spécialement en Loire-Atlantique, n'a jamais, à notre connaissance, été signalée dans les Marais de Vilaine.

 

Espèces plus  Rares.

Salamandre tachetée Triton ponctué Triton palmé

Une autre espèce devait, elle aussi, être autrement mieux représentée et largement distribuée dans les Marais de Vilaine avant la mise en service du barrage d'Arzal : il s'agit du Pélodyte ponctué (Pélodytes punctatus}.

En effet, inféodée préférentiellement aux grandes plaines alluviales et tolérantes à l'égard du caractère plus ou moins saumâtre des milieux et marais littoraux, c'est une espèce qui pouvait, avant 1970, trouver d'excellentes conditions d'accueil dans la vallée de la Vilaine du fait du libre jeu des marées, de la topographie des marais et de leur inondabilité. Une petite population a été découverte dans les marais des Berts au pied du village de Quinsigniac par D.Monfort en 1989

Salamandres, Tritons, Crapauds, Rainette

 D’autres amphibiens sont bien sûrs présents sur l’ensemble des marais sans pour autant que l'on puisse statuer sur l'état de leurs populations respectives ou leur dynamique démographique :

û  la Salamandre tachetée (Salamandra salamandra), espèce commune, présente sur les plateaux boisés de plusieurs vallées (vallée de l'Isac, d'Henrieux, du Trévelo, vallée du Roho, de l'Oust),  et qui peut se reproduire au pied des coteaux, aux abords des marais et prairies.

û  le Triton palmé (Triturus helveticus], autre urodèle très commun en Bretagne et présent ici et là dans les fossés et douves des marais, probablement sous forme de petits noyaux de population plus ou moins isolés, malgré la forte amplitude écologique de cette espèce ;

û   le Triton ponctué (Triturus vulgaris], magnifique espèce très localisée, bien présente en Vilaine amont dans le bassin de Rennes (Le Garff et Frétey 1992, Montfort 2005), signalée en 2004 au niveau du Marais de Gannedel et de la boucle de Quinsignac (Bretagne Vivante/SEPNB) ;

û  le Crapaud commun [Bufo bufo}, espèce commune, relativement ubiquiste et volontiers anthropophile, rencontrée assez fréquemment sur les chemins et les berges des fossés, probablement davantage en raison de son nomadisme que d'une reproduction régulière au sein des Marais de Vilaine, lesquels ne correspondent pas au preferendum de cet anoure ;

û  la Rainette verte (Hyla arboreo) et la Grenouille agile (Rana dalmatina), 2 espèces largement répandues et bien présentes dans les Marais de Vilaine. La première est avantagée peut-être par l'extension des formations buissonnantes hygrophiles et la seconde par le faciès paysager contemporain dominant, la prairie méso-hygrophile et son réseau de fossés connexes.

De manière générale, on peut considérer que la batrachofaune des Marais de Vilaine est faible en nombre d'espèces alors que la liste bretonne des amphibiens compte 14 espèces et un klepton. En outre, selon la "Liste des espèces déterminantes de Bretagne" (DIREN Bretagne-CSRPN, 2004), la plupart des amphibiens cités pour les Marais de Vilaine sont communs ou assez communs. Seul le Triton ponctué y est qualifié d'espèce "très rare en limite Ouest de répartition".

Rainette verte

Grenouille agile

Crapaud commun

. Retenons que globalement et malgré leur intérêt biologique, écologique, ethnoculturel, les amphibiens n'ont fait et ne font l'objet que de très peu d'investigations et d'études au niveau de ce vaste ensemble que sont les Marais de Vilaine.

LES  INSECTES. [1]

Contrairement à la flore, l'entomofaune des Marais de Vilaine et des environs, semble avoir été particulièrement délaissée par les entomologistes d'antan et les mentions de ce site sont très rares dans les quelques publications fondamentales de la région (Houlbert & Monnot, 1908 ; Gélin & Lucas, 1912 ; Oberthiir & Houlbert, 1922). Et même si depuis quelques années, une redynamisation sensible de l'entomologie de terrain anime les réseaux naturalistes, on peut encore, à juste titre, déplorer le relatif oubli dont les Marais de Redon et de Vilaine font l'objet à ce sujet.

Cependant, quelques groupes d'insectes, plus faciles à appréhender, permettent de rendre compte de l'intérêt entomologique du site et pourraient s'affirmer comme les révélateurs de sa richesse globale en invertébrés.

Les Libellules.

                            Les libellules appartiennent à l'ordre des odonates. Présentant toutes un développement larvaire aquatique, elles possèdent des caractéristiques biologiques et des preferenda écologiques très variables d'une espèce à l'autre : durée de développement larvaire de quelques mois à plusieurs années, milieux de reproduction lotiques ou lentiques, ponte dans les endroits ombragés ou, à l'inverse, sur des stations bien ensoleillées, ponte en-dophytique ou exophytique. Un paysage aussi composite que les Marais de Redon et de Vilaine, intégrant une grande quantité de milieux aquatiques variés, serait donc a priori, porteur d'une bonne richesse spécifique en odonates. Cependant, des menaces pèsent sur ces communautés et la diversité semble déjà bien érodée en de nombreux secteurs.

Les communautés d'odonates des marais, au sens strict, peuvent être distinguées de celles des cours d'eau et affluents aux marais, même si les rivières et canaux sont ici souvent suffisamment lents pour permettre à certaines espèces ubiquistes de coloniser presque tous les types de milieux. D'autre part, à leur arrivée dans les marais proprement dits, les eaux courantes se ralentissent brutalement, au niveau d'une classique rupture de pente. A ce niveau, les communautés lentiques et lotiques se rencontrent donc aussi bien souvent.

 

Les Types d’Habitats.

                                      Sur le site, il est donc plus convenable de distinguer différents types d'habitats en fonction de leurs caractéristiques hydrologiques et morphologiques que sur la base d'un unique découpage géographique :

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la Vilaine et ses principaux affluents (l'Oust, la partie aval de l'Arz et de l'Aff, l'Isac, le Don, la Chère) aux eaux très lentes voire quasiment stagnantes en étiage ;

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 les fossés, douves et petits canaux qui s'inscrivent entre les parcelles du marais ; les mares, étangs et points d'eau présents dans ces parcelles, même si les Marais de Redon ne s'illustrent pas par leur densité ;

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  les fossés de ceinture du marais, souvent en eau plus longtemps que les précédents (contrepentes issues des dépôts d'alluvions à proximité du fleuve) et présentant parfois des eaux plus oligotrophes ;

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 les cours d'eau permanents, affluents, de taille assez conséquente, mais à flux rapide : le Canut, l'Aff, la Claie, l'Arz et le Trévelo (partie amont) ;

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 les petits ruisseaux et écoulements tertiaires, également à flux rapide mais pouvant s'assécher en période d'étiage, parfois même dès le printemps.

 

Les Espèces

Agrion à larges pattes

Agrion élégant (accouplement)

Petite nymphe au corps de feu

 

 

Sur  La  Vilaine.

                          La Vilaine en elle-même présente des communautés très pauvres. Ici, les herbiers manquent, la qualité de l'eau est souvent médiocre, le ragondin est omniprésent, la navigation est importante et occasionne un batillage considérable. Les berges abruptes témoignent de la canalisation de cet axe fluvial et s'avèrent donc fréquemment inhospitalières. Quant aux crues, elles y sont parfois importantes. Bref, une conjonction de facteurs défavorables, plus ou moins liés par ailleurs. Quelques zygoptères ("demoiselles"), très tolérants et répandus, semblent cependant omniprésents sur le fleuve : l'Agrion à larges pattes [Platycnemis pennipes), l'Agrion orangé (Platycnemis acutipennis), l'Agrion élégant (Ischnura elegans), l'Agrion à longs cercoïdes (Cercion lindenii). Parmi les anisoptères (grandes libellules, aeschnes et gomphes), le discret Gomphe gentil (Gomphus pulchellus] et l'Orthétrum réticulé (Orthetrum cancellatum) sont les plus fréquents. Ils profitent tous les deux de l'existence de plages rases ou nues, en berges, pour y tenir leur affût (place piétinée ou désherbée par les pêcheurs, chemins de halage.).

Libellule écarlate

Libellule déprimée

  Sur  Les  Affluents.

                                    Les principaux affluents peuvent, à première vue, apparaître semblables à la Vilaine et effectivement, les conditions de vie n'y semblent pas foncièrement différentes. Cependant, les herbiers y sont souvent beaucoup plus développés que sur le fleuve (surtout les nupharaies comme sur le Don, la Chère et localement sur l'Oust) et les habitats de berges plus diversifiés, ce qui peut s'expliquer par un entretien beaucoup moins important (navigabilité moins recherchée). Ainsi, les communautés d'odonates y sont elles-mêmes sensiblement plus riches et, aux espèces précédentes, se rajoutent généralement la Petite nymphe au corps de feu (Pyrrhosoma nymphula), l'Agrion porte-coupe (Enallagma cyathigerum), la Libellule écarlate (Crocothemis erythroea) et la Libellule déprimée (Libellule depressa).

            Quelques espèces très intéressantes peuvent aussi se développer localement dans ces cours d'eau, surtout des taxons associés aux eaux courantes. Ainsi, des exuvies de 3 espèces particulièrement rares en Haute-Bretagne ont été découvertes sur l'Oust, entre Peillac et Saint-Vincent. (observation F. Herbrecht, Ouest-Aménagement) : la Cordulie à corps fin (Oxygastra curtisii), le Gomphe à pinces (Onychogomphus f. forcipatus] et l'Aeschne paisible (Boyeria irene).

 

Au  Cœur  des  Marais.

 

Gamphe à pinces Aesche paisible
Cordulie à corps fin Leste fiancé

   

Les populations d'odonates peuvent être localement abondantes mais sont en général assez peu diversifiées. Les milieux (fossés, douves, canaux, mares et dépressions), sauf s'ils sont alimentés par des sources ou un écoulement en provenance du coteau, s'assèchent généralement très vite ou voient leur niveau d'eau tellement baisser que les conditions deviennent très difficiles pour les insectes aquatiques : surchauffe et chute corollaire de l'oxygène dissous dans l'eau, fort développement algal, concentration des prédateurs et perturbateurs (poissons, écrevisses américaines), concentration des éventuels polluants toxiques. Certaines espèces sont bien adaptées aux milieux temporaires que l'on trouve dans les marais. C'est le cas des Lestes qui pondent hors de l'eau, dans des tiges de petits hélophytes ou même dans des ligneux, et ce à une époque où les milieux peuvent être totalement asséchés. A l'éclosion, qui intervient au printemps, la toute jeune larve tombera dans les eaux qui auront réinvesti l'habitat.

Leste barbare (ponte)

  

Leste verdoyant

             Le développement larvaire est ensuite très rapide, quelques mois, suivi de l’émergence des adultes. Le Leste barbare (lestes barbarus) est très fréquent en Basse-Vilaine, sur les milieux subhalophiles, mais plus disséminé en amont de Redon. Ce taxon est en effet un de ceux qui supportent le mieux les eaux chlorurées. Dans certains marais bien préservés, comme ceux du Bronzais à Pénestin, on observera aussi le Leste verdoyant (Lestes virens), sans doute le plus rare des Lestes bretons (cf. Manac'h (coord.), 2001). Le Leste fiancé (Lestes sponsa) est également présent ça et et recherche plus particulièrement les eaux acides et oligotrophes Une belle population se développe, par exemple, dans les Marais du Roho (landes tourbeuses, tourbières et étangs). Le Leste vert (Lestes viridis), espèce commune, très associée aux saules, est présent et abondant presque partout dans le bassin, surtout en amont de Redon, dans les marais de Langon et de Sainte-Anne, mais aussi dans les marais de Peillac et les marais de l'Isac.

Sympétrum strié (accouplement)

Agrion vert

 Les Sympétrums, genre qui compte essentiellement trois espèces dans les Marais de Vilaine, présentent un mode de développement proche des Lestes, à une différence près : les adultes ne pondent pas dans les végétaux mais directement à la surface de l'eau ou dans les vases, parfois totalement desséchées, au niveau des dépressions ou des rives de plans d'eau, de fossés. Quand les ovipositions interviennent en fin d'été, dans un milieu totalement sec, on peut parfois se demander quelle "prescience" guide les géniteurs vers ces futurs milieux aquatiques. La quantité d'œufs pondus par les femelles de Sympétrums est évidemment très importante, l'œuf étant le stade de résistance qui doit passer l'hiver, bien que non abrité dans un végétal comme dans le cas des Lestes. Dès les premiers redoux, il doit se retrouver dans des conditions favorables pour que l'embryogenèse s'achève et que le développement larvaire se fasse. Les 3 espèces répandues dans les Marais de Redon et de Vilaine sont les plus communes du genre, en Bretagne : le Sympétrum sanguin (Sympetrum sanguineum], le Sympétrum strié (Sympetrum striolotum) et le Sympétrum méridional (Sympetrum méridionale). Ce dernier, cependant, affiche, comme son nom l'indique, des affinités méridionales qui se traduisent, en Bretagne, par des fréquences d'observation bien plus élevées sur la marge sud de la région (Finistère et Morbihan) et dans la moitié sud du département d'Ille-et-Vilaine.

Aucun Sympétrum plus rare n'est connu dans la dition. [2]  Il parait toutefois évident que le Marais du Roho ou d'autres stations tourbeuses, dans les coulées affluentes et sur les coteaux, pourraient héberger une petite population de Sympétrum noir (Sympétrum danae), espèce très rare inféodée à ces milieux. Dans les petits milieux aquatiques stagnants mais plus pérennes du marais, tels que les douves, les fossés ou les mares, la richesse en odonates est très dépendante de la qualité de l'eau, des herbiers et de l'abondance d'éléments perturbateurs tels que poissons, écrevisses et ragondins. Quand les conditions sont assez favorables, on observe fréquemment l'Agrion vert (Erythromma viridulum), petite demoiselle aux yeux rouges qui apprécie avant tout des herbiers denses d'hydrophytes affleurant à la surface (Renoncules, Myriophylles, Cératophylles, petits Potamots, Zanichellie...) ou de petites espèces flottantes (Hydrocharis). La proche Naïade aux yeux rouges (Erythrommo naïas], typique des herbiers de grands hydrophytes flottants, semble par contre absente du site.

 Les Douves de Pied de Coteau qui ceinturent le marais apparaissent assez souvent différentes des fossés et des douves internes au marais. Leurs eaux semblent plus acides et relativement plus pauvres en éléments nutritifs. Par ailleurs, de nombreux secteurs présentent une contrepente se traduisant par des cotes plus basses en pied de coteau qu'au centre des marais ou qu'en rive du fleuve ou de ses affluents. Les fossés de pieds de coteau sont donc moins enclins à s'assécher ou tout au moins s'exondent plus tardivement. Tous ces facteurs sont assez favorables aux odonates et notamment à certaines espèces assez exigeantes telles que les Cordulies. La Cordulie métallique (Somatochlora metallica), par exemple, se reproduit en petit nombre dans ce contexte, comme c'est le cas au niveau de la ceinture ouest des marais de Sainte-Marie. Cette splendide espèce mais d'observation difficile, supporte relativement bien une fermeture du milieu et même un ombragement assez conséquent par les saules, tout comme la Cordulie bronzée (Cordulia aenea), taxon un peu plus commun et précoce. De nombreux autres taxons, par contre, disparaissent assez vite quand le milieu se ferme, en particulier les coenagrionides et les libellulides. La fermeture des milieux est très fréquente en pied de coteau. Les terrains sont plus difficiles à drainer et à valoriser sur le plan agronomique donc plus souvent abandonnés ou sous-entretenus. Rajoutons à cela un risque très important qui pèse sur ces habitats : celui de l'arrivée directe de polluants en provenance du coteau. Peut-être faut-il voir en cette dégradation qualitative une des causes majeures de l'apparente disparition, depuis quelques années, de l'Agrion gracieux (Coenagrion pulchellum] au sein des petites douves alimentées.

Cordulie bronzée Cordulégastre annelé

 

Les Cours d’Eau de Second Ordre.

                                                              Ils alimentent directement les marais, ou indirectement via l'Oust, présentent une odonatofaune qui peut être assez diversifiée dans la mesure où les flux sont plus rapides et donc l'oxygénation de l'eau plus importante, ce qui convient à la reproduction d'espèces rhéophiles, mais à condition que leur lit mineur soit suffisamment large pour que de micro-habitats lentiques  soient aussi exploitables par les odonates associés aux eaux calmes ou stagnantes. Ainsi, juxtaposés aux communautés répandues dans les marais et sur la Vilaine (Platycnemis sp. pi, Coenagrion puella, Ischnura elegans, Gomphus pulchellus, Orthetrum cancellatum, Libellula depressa] peuvent être observés des taxons très intéressants tels que Boyeria irene, Onychogomphus f. forcipatus et Oxygastra curtisii dont il a déjà été question à propos de l'Oust, auxquels se rajoutent Gomphus vulgatissimus, Onychogomphus uncatus et les deux Caloptéryx, Calopteryx virgo et Calopteryx splendens. Les deux affluents les plus remarquables à ce sujet sont sans conteste l'Arz et la Claie, deux rivières qui sont parmi celles qui présentent les amplitudes de débit les plus faibles du bassin (bonne alimentation en étiage), une pollution par le phosphore très modérée (mais importante en terme d'azote), une ripisylve d'apparence favorable qui ménage une alternance entre zones ensoleillées et zones ombragées et une bonne diversité au niveau du fond du lit mineur (pools, radiers, granulométrie variée).

Les affluents plus petits, quant à eux, sont de qualité et donc de potentialités odonatologiques très inégales. Le principal facteur limitant est ici l'alimentation en eau. En effet, une grande proportion des ruisseaux et fossés affluents aux marais s'assèchent tôt en saison, surtout ces dernières années où les niveaux furent partout très bas, ce qui est aussi à mettre en relation avec la nature du sous-sol où les schistes sont souvent prédominants (surtout en rive gauche du fleuve). Quelques ruisseaux par contre, sont mieux alimentés, soit par des nappes situées dans les zones de contact entre formations géologiques, soit par des aquifères plus conséquents, développés dans les grès armoricains ou plus sûrement dans les granités arénisés que l'on trouve surtout en rive droite (massif d'Allaire notamment).

Quand les écoulements sont plus pérennes, que la qualité de l'eau n'est pas trop altérée, deux espèces caractéristiques présentent alors de belles populations : l'Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale) et le Cordulégastre annelé (Cordulegaster b. boltonii}. Les accompagnent souvent les Caloptéryx ainsi que nos deux petits Orthétrums, l'Orthétrum brun (Orthetrum brunneum) et l'Orthétrum bleuissant (Orthetrum coerulescens), le premier bien plus rare ici mais vraisemblablement en expansion actuelle vers le Nord.

Sauterelles-Grillons-Criquets.

 

Conocéphale bigarré Oedipode tricolore

 L'ordre des orthoptères rassemble les sauterelles et les grillons d'une part (ensifères) et les criquets de l'autre (caelifères). Dans la dition,[3]   c'est évidemment au niveau des prairies naturelles ou semi-naturelles et des formations hélophytiques basses que l'on trouvera les plus grandes abondances en orthoptères et surtout en acridiens, tous phytophages, contrairement aux grillons, plutôt détritiphages et à certaines sauterelles, volontiers entomophages.

Criquet des Mouillères Grillon des Torrents Criquet ensanglanté

 

Sur les prairies, les criquets du genre Chorthippus sont les plus fréquents. Ils montrent souvent une assez grande tolérance écologique mais présentent tout de même des preferenda distincts, ce qui se traduit par des proportions variables selon la nature des milieux (hygrotrophie, hauteur et nature de la végétation, type d'exploitation ou de gestion, exposition...). Schématiquement, Chorthippus parallelus présente les meilleures densités relatives en prairie mésophile pâturée, C. albomarginatus en prairie méso-hygrophile fauchée alors que les deux espèces du sous-genre Glyptobothrus, C. biguttulus et C. brunneus se rencontreront surtout dans les endroits relativement secs, sur les bernes des chemins et des routes, les hauts de berges du fleuve (quand il y a un bourrelet de rive) ou au niveau de buttes.

Associés à quelques autres espèces banales dans le contexte (Euchorthippus declivus, Conocephalus fuscus, Metrioptera roeselii, Omocestus rufipes...), nous avons là le fond commun des prairies de Vilaine. Des taxons bien plus intéressants sur le plan biogéographique, par contre, occupent des niches écologiques plus restreintes.

Sur les berges de la Vilaine, notamment en amont de Redon (communes de Langon et Sainte-Anne), un petit grillon peut ainsi se faire entendre dès le mois de juillet, à condition de tendre bien l'oreille car son chant est bien plus discret que celui du Grillon champêtre, le plus connu de la famille. Il s'agit du Grillon des torrents [Pteronemobius lineolatus), espèce relativement rare en France et dont l'Ille-et-Vilaine représente l'extrême limite Nord de répartition. Ce petit insecte recherche avant tout les zones caillouteuses ou graveleuses plus ou moins dénudées que l'on trouve sur les rives bien exposées des rivières ou des plans d'eau. La rectification et l'entretien drastique des berges des cours d'eau ou, à l'opposé, leur non entretien et donc leur fermeture, lui sont évidemment très préjudiciables. Dans les sections la végétation herbacée et arbustive est développée, il semble ainsi apprécier les accès à la rivière que les pêcheurs entretiennent sous forme de quelques endroits dénudés.

Les grands espaces herbacés ouverts et notamment les vastes prairies de fauche qui accompagnent le fleuve en aval de Redon, ne comportent pas de richesses spécifiques très conséquentes même si les densités en acridiens peuvent y être très importantes. Il est cependant étonnant que des espèces comme l'Oedipode émeraudine (Aiolopus thalassinus) ne soient pas inventoriées sur les prairies entre Redon et Béganne car bien des milieux semblent appropriés. Cette superbe espèce, typique des grandes zones alluviales, a pourtant été observée à l'extrême aval de la vallée, dans les marais du Bronzais en Pénestin (observation : F.Herbrecht, Ouest-Aménagement). Elle est donc à rechercher plus en amont.

Par contre, l'Oedipode tricolore (Paracinema tricolor bisignata) a lui bel et bien été récemment signalé dans les Marais de Redon, en particulier par Pascal Gautier, sur la commune de Rieux. Il a également été noté à Pénestin en 2002 (F. Herbrecht, Ouest-Aménagement), mais en dehors du val de Vilaine proprement dit, et il s'agit là des seules observations bretonnes de cet autre criquet remarquable. S'il connaît une distribution très vaste dans l'ancien monde (Asie occidentale et Afrique), cet acridien ne présente en France qu'une répartition strictement méditerranéo-atlantique et semble fortement menacé depuis quelques décennies. Il figure donc à juste titre dans la liste rouge nationale des orthoptères (Sardet & Défaut [coord), 2004).

Les prairies humides qui se situent dans les marais de Vilaine, en amont de Redon ou dans les vallées et vallons affluents, souvent pâturées ou fauchées très extensivement, présentent une végétation souvent plus haute (joncs, carex) et l'orthoptérofaune varie également. On trouvera alors le Criquet ensanglanté (Stethophymo grossum), espèce également menacée dans bien des régions de plaine françaises ou européennes, mais qui semble se porter relativement bien dans le Massif Armoricain. Il s'agit d'une des seules espèces de la sous-famille des Oedipodinae à se manifester acoustiquement en période de reproduction, non pas au moyen d'une véritable stridulation comme tant de criquets mais en émettant un bref cliquetis facilement audible. Il trouve dans les prairies tourbeuses et dans les formations de bas-marais, son optimum écologique et présente donc de belles densités à Gannedel, à Mussain, dans les Marais de Roho, ainsi que dans certaines prairies à joncs qui peuplent les petits affluents entaillant les coteaux.

Dans les plus remarquables de ces sites, on trouvera aussi deux autres espèces menacées au niveau national, le discret Conocéphale des roseaux (Conocephalus dorsalis) et notre plus petit orthoptère, le Grillon des marais (Pteronemobius heydeni). Il convient pour ces deux espèces que la végétation soit haute et que les sols soient en permanence très humides. Certaines mégaphorbiaies, cariçaies ou formations hétérogènes à Glyceria maxima semblent appréciées, d'autant qu'elles jouxtent des zones d'eau libre, même très étriquées comme les gouilles des tourbières, ce que semble rechercher en particulier le Grillon des marais.

 

Grillon des marais Courtilière

.Signalons aussi l'intérêt que peuvent représenter les Marais de Vilaine et les vallons humides adjacents pour la Courtilière (Gryllotalpa gryllotalpa). Appelé aussi Taupe-grillon en raison de ces convergences anatomiques et comportementales avec le mammifère bien connu, cet orthoptère a également été combattu par le passé pour les dégâts qu'on lui attribuait dans les potagers. Désormais, il est devenu bien rare et ne semble plus habiter en Bretagne que les terres glaiseuses très humides et même gorgées en période printanière, lorsque les mâles entonnent leur étrange appel nocturne. Cette espèce a été signalée à Renac par Claudine Fortune, à Fegréac par Didier Montfort et aussi dans quelques prairies attenantes au ruisseau de la Taberge, affluent au marais de Sainte-Anne-sur-Vilaine, par Franck Herbrecht.

Quelques autres espèces rares seraient également à rechercher activement car, du fait des milieux existants en Pays de Redon et de Vilaine, elles pourraient développer localement de petites populations : le Criquet des clairières (Chrysochroon dispar), le Criquet palustre (Chorthippus montanus) et le Criquet verte-échine (Chorthippus dorsatus).

 

La  Cétoine.

Pique-prune ou Chabot

  Le Pique-prune ou Chabot (Osmoderma eremita] est une grande cétoine qui se reproduit dans les cavités des vieux arbres dans lesquelles un bon volume de terreau s'est accumulé. Ses larves ne se développent effectivement qu'en ingérant le bois pourrissant dans ces cavités, la digestion de la cellulose étant rendue possible grâce aux bactéries symbiotiques qu'elles hébergent dans leur tube digestif. L'espèce est donc un maillon important dans le processus de dégradation du bois mort et au-delà, dans le cycle de la matière, celui du carbone notamment. La dégradation du bois est un phénomène naturel : la mort de l'arbre ne signifie pas la mort de la forêt mais, bien au contraire, représente le bouclage des cycles biogéochimiques et sylvigénétiques et, in fine, une garantie pour la productivité et la pérennité forestières. Or, des organismes dits saproxylophages, tels que le Pique-prune, sont nécessaires pour que ces processus se déroulent efficacement. Et, ajoutés à leurs multiples commensaux, prédateurs et parasites,  ils forment des biocénoses considérables, régies par de multiples interactions, que l'on qualifie de complexe saproxylique. De par ses exigences biologiques et écologiques strictes, Osmoderma est justement considéré comme un bon ambassadeur de ce complexe d'espèces, une parfaite "espèce-parapluie", car les actions conservatoires que l'on prendra en sa faveur bénéficieront, de fait, à un grand nombre d'organismes. Et c'est ici que se trouve la justification de sa protection et notamment son inscription en tant qu'espèce prioritaire sur les annexes 2 et 4 de la Directive européenne "Habitats-Faune-Flore"

En Bretagne, le Pique-prune présente des populations fortement disséminées, à l'Est d'une ligne Saint-Brieuc/Vannes. Ses très faibles capacités de dispersion impliquent cependant que les habitats soient connectés pour que l'espèce puisse se maintenir sur le long terme. Le bocage représente un paysage où sa conservation peut donc être effective, à condition que le maillage soit encore assez serré et que la répartition des vieux arbres à cavités y soit suffisamment dense. Dans les secteurs où l'agriculture est la plus intense, ce coléoptère a donc déjà fortement régressé, voire disparu. Or, le bocage de ceinture des Marais de Redon et de Vilaine reste remarquablement dense et préservé par endroits. En majeure partie constitué de chênes pédoncules traditionnellement entretenus par émondage, les arbres à cavités y sont fréquents. Il y a donc là de très bonnes potentialités pour le Pique-prune qui a effectivement pu être trouvé dans plusieurs secteurs (observations : F. Herbrecht & François) : Glénac, Port-Corbin, Penlheur et la Borde en Bains-sur-Oust, Tressenant en Allaire, le Poirier et la Maison Neuve sur la commune de Rieux. En de rares points, de vieux saules blancs taillés en têtards l'hébergent également. Les quelques gros châtaigniers visités en bordure du marais n'ont par contre pas permis de constater sa présence, mais ces beaux arbres à fruits, typiques du Pays de Redon, pourraient néanmoins l'abriter sur les plateaux.


 

LES MAMMIFÈRES

 La  Loutre.

LOUTRES

La loutre a fait son retour. Après avoir été décimée, pour sa fourrure, par la chasse et le piégeage, la loutre est un animal protégé depuis 1972 et connaît une rapide extension dans le bassin de l'Oust.

Une vingtaine d'individus ont été recensés le long de la rivière ; cela peut paraître peu, mais il s'agit là d'un mammifère de grande taille, doublé d'un super prédateur impliquant des densités faibles (les domaines individuels varient de 10 à 25 kilomètres de cours d'eau pour une femelle reproductrice, jusqu'à 40 kilomètres pour un mâle adulte)

C'est[4] sans doute à partir de la population du bassin du Brivet et notamment de la Grande Brière où, même aux heures les plus noires de l'espèce en France, la Loutre a toujours été présente, que le retour s'est effectué sur le bassin de la Vilaine. En effet, les indices de présence ou de passage ont d'abord été notés (R. Gomes, 1994 ; M. Pondaven, 1995 ; D. Montfort, 1998) en limite de partage des eaux des deux bassins : Isac, Canal de Nantes à Brest, Fégréac, Sévérac, Saint-Dolay ; il faut d'ailleurs signaler que ce même noyau briéron de population a également été vraisemblablement à l'origine de la reconquête par la loutre des marais de l'Erdre, via le canal de Nantes à Brest.

En ce qui concerne les Marais de la Vilaine, on ne peut toutefois pas exclure que l'origine de certains individus « pionniers » soit aussi morbihannaise, Pen Mur, Noyalo. Le domaine vital des mâles adultes pouvant en effet, en raison de son ampleur de 20 à 40 km de rivière et de l'erratisme concomitant de l'actuelle dynamique démographique générale, autoriser ce genre d'hypothèse.

Lionel Lafontaine confirme l'extension de la loutre sur les bassins de l'Oust, du canal de Nantes à Brest, de l'Arz, de l'Aff. Il est surtout intéressant de noter une part nouvelle de retour qui apparaît sur des bassins en périphérie de ces derniers. À noter, en particulier, une extension remarquable dans les Côtes-d'Armor ou même en Ille-et-Vilaine (Couësnon, Vilaine). Toutefois, ces données trop récentes sont insuffisantes pour préciser le statut de l'animal sur ces nouveaux bassins : individus erratiques, sédentarisation effective, reproduction. Un suivi ultérieur permettra d'affiner les nécessaires connaissances. 

A l'occasion des investigations préalables à la réalisation du Document d'Objectifs Natura 2000 (I.A.V., DIREN), le bureau d'étude Ouest Aménagement a procédé en 2005 à une série de vastes prospections de terrain, à partir des bases protocolaires consacrées, à savoir la recherche d'indices de présence et/ou passage de la Loutre, à l'occasion des visites d'ouvrages hydrauliques des Marais de Vilaine : 300 mètres environ de prospection de chaque côté de l'ouvrage sur les deux rives.

 De manière très habituelle, ce sont les épreintes qui, parmi les nombreux autres indices éventuels (empreintes, reliefs de repas, catiches, places de miction, sécrétions vaginales, coulées, ressuis, etc.), ont été majoritairement mises à profit ici, en raison de la relative facilité de leur découverte et aussi parce que « le dépôt d'épreintes est le critère le plus fiable, le plus durable et le plus probant pour déceler la présence de l'espèce sur un site. Il faut cependant avoir à l'esprit les limites de ces investigations, limites étroitement liées aux deux points suivants :

puce

 Il semble acquis que les femelles cessent tout marquage en période de mise bas et d'élevage des jeunes. Enfin, la quantité des marquages diminue considérablement, voire s'annule, dans les secteurs de basse densité de population ». (Lafontaine, 2005), ce qui est actuellement le cas des Marais de Vilaine pour l'essentiel :

puce

c'est à la fin de l'hiver et au printemps que les marquages territoriaux sont les plus abondants. Un deuxième pic de marquage a lieu à la fin de l'automne. En été et au milieu de l'hiver, les épreintes sont plus rares et les marquages territoriaux très peu renouvelés. » (Rosoux et Green, 2004.) Or, un certain nombre de nos prospections de terrain (D. Montfort) se sont déroulées en été, en raison des délais impartis pour la campagne de terrain.

Par ailleurs, selon le protocole de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (IUCN, Macdonald, 1990, et Reuther et al. 2000), la recherche des indices de présence devrait, pour être validée, être répétée au moins trois fois dans l'année, fréquence que, là encore, le cadre de la mission Natural 2000 n'a pas permis.

En plus des recherches de Ouest Aménagement, d'autres résultats, obtenus entre 2002 et 2006, par d'autres naturalistes ou associations (Bretagne Vivante/SEPNB, Collectif pour l'Inventaire des Mammifères et des Ecosystèmes (CIMES) de Loire-Atlantique, Denis Fatin) ont été utilisés.

Trois zones d'activité principale de la Loutre d'Europe semblent se dégager actuellement au sein des Marais de Vilaine :

les Marais de Gannedel, de Murin et le Don,

la confluence de l'Arz et de l'Oust,

et surtout, toute la partie sud regroupant la Vilaine en aval de Rieux/Fégréac, et l'Isac de Guenrouët à Théhillac. Cette grande zone inclut aussi les petites vallées affluentes du ruisseau du Moulin du Rocher et du ruisseau du Roho en rive gauche, et du Trévelo en rive droite. C'est, selon nous, la plus vaste et la plus ancienne unité fonctionnelle des Marais de Vilaine pour la loutre d'Europe où une population doit désormais être bien établie.

Ces résultats attestent, de manière désormais indubitable, les mouvements de retour en cours de la loutre d'Europe sur l'ensemble des Marais de Vilaine et des environs. Certaines zones d'activité principale plus circonscrites semblent s'y dessiner. Pour autant, l'actuelle dynamique populationnelle est telle que c'est bel et bien l'ensemble du réseau hydrographique et des zones humides des Marais de Vilaine qu'il faut prendre en compte dorénavant pour tout projet ou aménagement susceptible d'avoir un impact loutrologique, direct ou indirect. C'est d'autant plus important que la population de loutres des Marais de Vilaine est justement encore très vulnérable en raison de la faiblesse de ses effectifs

La  Protection de la Loutre.

L'une des principales causes de mortalité directe de la loutre répertoriées aujourd'hui en France, étant représentée par les collisions routières, Ouest Aménagement a visité chacun des ouvrages, ponts et principaux passages sous voie du périmètre Natura 2000, afin d'en établir la dangerosité. À l'issue de cet inventaire, les ouvrages ont été cartographiés en fonction des exigences de l'espèce en matière de tirant d'air, de longueur busée ou de confort des berges et banquettes d'une part, du niveau de circulation automobile, spécialement nocturne, d'autre part.

Trois catégories d'ouvrages ont ainsi été formulées et cartographiées :

► Les ouvrages potentiellement très dangereux pour lesquels des fiches actions du Document d'Objectifs doivent prévoir des « loutroducs » ;

Les ouvrages moyennement dangereux pour lesquels des dispositifs et mesures spécifiques devront être programmés en cas de réfection ou de réaménagement ;

►Les ouvrages inoffensifs, mais néanmoins à surveiller en fonction de l'évolution de la population de loutres, ainsi que de celle du trafic routier et du réseau viaire.

Dans les Marais de Vilaine, en plus des risques de mortalité routière, d'autres menaces pèsent plus indirectement sur la Loutre, notamment l'altération de ses habitats, à l'occasion de divers aménagements ou pratiques : travaux hydrauliques, activités agricoles, assainissement de zones humides, pollution, régulation des rongeurs et carnivores dits «nuisibles», etc. Là encore, il reste bien des mesures à prendre pour assurer la protection de l'espèce.

 Le  Ragondin.

 

Ragondin

Le ragondin connaît une rapide expansion en tant qu'espèce invasive et contribue à la fragilisation des berges. L'avifaune est surtout concentrée dans les zones de marais à proximité de l'exutoire.

 

LES OISEAUX DES MARAIS

Chevalier gambette Barge à queue noire

 

Avant[5] les aménagements hydrauliques des années 70, la richesse avifaunistique des Marais de Redon et de Vilaine était notoire. Leur intérêt ornithologique revêtait un caractère à la fois européen, national et régional. En effet, situés sur la façade atlantique, ils constituaient une étape qui était alors utilisée massivement par les migrateurs et une zone d'hivernage qui était exploitée par de très nombreux échassiers, canards et oies. L'accueil, en particulier, de centaines, voire de milliers d'Oies rieuses (Anser albifrons) en hiver constituait l'une de leurs principales originalités.

Les Marais de Vilaine faisaient partie intégrante du cortège des milieux naturels français de grande importance du projet MAR2 (projet de sauvegarde des zones humides d'importance internationale en Europe et en Afrique du Nord) et accueillaient, selon Pierre Constant, des nicheurs peu communs tels que Combattants variés, Chevaliers Gambettes, Barges à queue noire ou Canards. Ils jouaient enfin un rôle prépondérant, pour les oiseaux d'eau, dans les échanges entre les différentes zones humides intercomplémentaires de la Bretagne méridionale, du Golfe du Morbihan à l'Estuaire de la Loire. Les transformations des conditions de salinité et surtout, les exondations hivernales rapides et brutales, du fait de la construction du barrage, ont affecté les possibilités de remise, de gagnage et de nidification de nombreuses espèces. Certaines, comme l'Oie rieuse ou quelques limicoles côtiers, ont d'ailleurs déserté les zones palustres ou fluviales qui étaient autrefois régulièrement exploitées par ces espèces.

Il faut cependant noter qu'à la différence de la végétation, le principal changement est ici d'ordre quantitatif, aussi bien en période de reproduction qu'en période de transit pré ou postnuptial et d'hivernage proprement dit. Même lors de l'hiver 1981-1982, pourtant propice au stationnement des anatidés, l'augmentation des densités d'oiseaux n'a pas été sensible dans les Marais de Redon. Toutefois, quelques étangs et marais permanents, tels que le Marais de Murin, le Marais de Gannedel, l'étang Aumé, l'étang de Tesdan et l'étang du Rocher, permettent encore le stationnement et la reproduction d'anatidés de surface et de quelques fuligules. De même, l'inondation plus ou moins prolongée de certains secteurs (bassin de Murin, Mortier de Glénac, marais de l'Isac, prairies des marais de Fégréac, de Béganne et de Rieux) autorise leur gagnage ou leur remise temporaires. La contrainte cynégétique y est, dans tous les cas, beaucoup plus perturbante qu'autrefois, en raison de la brièveté des délais de submersion et de la restriction des surfaces fréquentées par le gibier d'eau.

Bien placés entre le Golfe et l'Estuaire de la Loire, les Marais de Vilaine et des environs sont idéalement placés sur la veine atlantique des migrations du Paléarctique occidental, à la confluence des axes Groenland - Iles britanniques et scandinavo-sibérien. Ils font de surcroît partie intégrante d'un grand complexe régional de zones humides, particulièrement interdépendantes quant à l'avifaune aquatique : Golfe du Morbihan, Marais Guérandais, bassin briéron. Les marais et la vallée de la Vilaine, en tant que couloir naturel, constituent par ailleurs une zone potentielle de gagnage et de transit pour de nombreux anatidés et limicoles en hiver et lors de leurs passages pré et postnuptiaux. En revanche, ils ne sont que d'un intérêt modeste pour la remise de ces oiseaux et pour leur nidification

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Courants Migratoires

 

Les Oiseaux Migrateurs

Canard siffleur Canard chipeau Sarcelle d’été Tadorne de belon

Les Marais de Vilaine sont situés sur la route des grandes migrations pré et postnuptiales des oiseaux européens. Les populations migratrices sont composées des oiseaux qui, nichant au Nord et à l'Est et fréquentant des quartiers d'hiver situés plus au Sud, transitent par la vallée de la Vilaine et ses marais lors de leurs descentes d'automne, en fait du milieu de l'été au cœur de l'hiver, puis lors de leurs remontées de printemps, de la fin de l'hiver à la fin du printemps, y effectuant des stationnements de récupération, repos, activités de confort, alimentation, dont la durée est plus ou moins longue selon les qualités d'accueil des milieux et selon la condition physique des oiseaux.

En outre, des oiseaux peuvent également y passer tout l'hiver, se servant des marais comme zones de gagnage nocturne et se remisant dans la journée sur des secteurs proches comme l'estuaire de la Vilaine et le Golfe du Morbihan. C'est le cas du Canard Siffleur (Anas penelope) par exemple que d'importants contingents s'alimentaient sur les Marais de Redon avant la mise en place du barrage d'Arzal.

Cette avifaune migratrice et hivernante est essentiellement composée d'oiseaux d'eau et spécialement de canards de surface et de limicoles dont la satisfaction des exigences biologiques est alors étroitement dépendante :

Ø    du niveau d'eau sur les marais,[i]

Ø    du potentiel trophique (graines, plantes herbacées, microfaune endogée, etc.) de ces marais,

Ø    de leurs caractéristiques paysagères plus ou moins conformes à la sécurité et au confort de pose et d'envol des oiseaux.

Fulgure Morillon femelle Fulgure Morillon mâle Bécassine des marais Bécassine sourde

 

En hiver et durant les transits migratoires, les canards et limicoles les plus communs sont les suivants :

F  Colvert (Anas platyrhynchos)

F  Sarcelle d'hiver (Anas crecca)

F  Souchet (Anas clypeata)

F  Siffleur (Anas penelope)

F  Chipeau (Anas strepera)

F  Pilet (Anas acuta)

F  Sarcelle d'été (Anas querquedula)

F  Tadorne (Tadorna tadorna)

F  Milouin (Aythya ferina)

F  Morillon (Aythya fuligula)*

F  Bécassines (Gallinago gallinago, Lymnocryptes minimus)

F  Vanneau (Vanellus vanellus) :1 500 oiseaux environ par hiver sec, 7 à 10.000 par hiver plus humide.

F  Pluvier doré (Pluvialis apricaria) : moyenne de 500 à 1 000 individus.

F  Courlis (Numenius arquata, Numenius phaeopus)

F  Chevaliers (Tringa totanus, Tringa ochropus, Actitis hypoleucos, Tringa nebularia.)

F  Bécasseau variable (Calidris alpina)

F  Barge à queue noire (Limosa limosa)

Pluvier doré Courlis cendré Courlis corlieu Chevalier aboyeur

  

Chevalier combattant juvénile Chevalier culblanc juvénile Foulque macroule Bécasseau variable

  

Râle d’eau Grèbe castagneux Grand cormoran Aigrette garzette

 

Grèbe huppé

 

 

D'autres familles ou espèces d'oiseaux d'eau sont également bien représentées, mais restent souvent plus cantonnées à certains secteurs (Murin, Gannedel, Glénac, les divers étangs périphériques...). C'est le cas des rallidés avec

¨       la Foulque (Fulica atra)

¨       le Râle d'eau (Rallus aquaticus),

 ¨     les Grèbes (Podiceps cristatus et Tachybaptus ruficollis.),

¨       le Grand cormoran (Phalacrocorax carbo),

¨       les ardéidés avec le Héron cendré [Ardea cinerea)  

¨       l'Aigrette garzette [Egretta garzetta),

¨       les laridés, avec parfois d'impressionnants regroupements de Mouettes rieuses.

Des espèces plus occasionnelles

 Certaines espèces sont nettement plus occasionnelles ,mais encore assez régulièrement signalées :

v  les Oies (Anser anser, parfois Anser fabalis avec quelques individus isolés),

v  le Cygne sauvage (Cygnus cygnus),

v  la Bernache cravant (Branta bernicla),

v  le Garrot (Bucephala clangula),

v  les Harles ( Mergus serrator mais aussi M. albellus et M. merganser),

vles Macreuses (Melanitta nigra et M. fusca),  

v  l'Avocette (Recurvirostra avosetta),

v  la Barge rousse ( Limosa lapponica),

v  le Combattant varié ( Philomachus pugnax),

v  le Pluvier argenté ( Pluvalis squatarola),

v  le Tournepierre (Arenaria interpres),

v  le Bécasseau maubèche ( Calidris canutus),

v  la Spatule blanche ( Platalea leucorodia),

v  les Guifettes (Chlidonias niger en particulier),

v  le Faucon pèlerin ( Falco peregrinus),

v  le Faucon émerillon ( Falco columbarius). En ce qui concerne ce petit rapace nordique assez rare, les Marais de Gannedel accueillent un dortoir de quelques individus chaque hiver (S. Gautier, O.N.C.F.S.).

 

Bernache cravant Oie cendré Harle bièvre Garrot

  

 Les Nicheurs et Oiseaux Inféodés aux Prairies Humides

            Le cortège des nicheurs est plus clairsemé. En ce qui concerne l'avifaune aquatique, deux espèces dominent actuellement : le Canard colvert dont le nombre de couples est difficile à estimer, certainement plusieurs dizaines, et le Vanneau huppé, avec une moyenne de 50 couples. Plus aléatoire est la reproduction des deux Sarcelles, du Canard souchet ou du Fuligule milouin

 

Canard colvert (mâle) Canard souchet Bécasseau maubèche Spatule blanche

 

Il faut aussi évoquer des espèces sans doute moins strictement inféodées aux milieux humides mais emblématiques des rapports "pratiques agricoles/patrimoine ornithologique " en zone de prairies de marais. Ainsi, lors du suivi ornithologique de l'opération locale agro-environnementale (O.L.A.E.), réalisé entre 1998 et 2001, 7 espèces nicheuses avaient été étudiées sur 6 stations représentatives de la problématique agro-environnementale des Marais de Vilaine.

Les prairies étaient différenciées de la manière suivante :

Ü  prairie pâturée ceinturée par un réseau de canaux et fossés (parcellaire serré) ;

Ü  prairie de fauche ceinturée par un réseau de canaux et fossés (parcellaire serré) fauchée avant juillet ;

Ü  prairie de fauche ceinturée par un réseau de canaux et fossés (parcellaire serrée) fauchée tardivement ;

Ü  prairie pâturée non sillonnée de fossés (parcellaire étendu) ;

Ü  prairie de fauche non sillonnée de fossés (parcellaire étendu) fauchée avant juillet ;

Ü  prairie de fauche non sillonnée de fossés (parcellaire étendu) fauchée tardivement.

Les 7 espèces avaient été choisies en raison d'une part de leur présence dans les Marais de Vilaine en période de reproduction, déjà établie lors de l'étude de 1995 préalable à la mise en place de l'O.L.A.E., et d'autre part en raison :

puce

 

de leur valeur patrimoniale ;

puce

 

de leurs interrelations avec les pratiques agricoles;

puce

 

de la relative facilitée de leur recherche et du dénombrement de leurs populations.

Il s'agissait du

û  Tarier des prés [Saxicola rubetra),

û  du Bruant des roseaux [Emberiza schoeniclus),

û  de la Bergeronnette printanière (Motacilla flava flava),

û  du Pipit farlouse (Anthus pratensis),

û  de l'Alouette des champs (Alauda arvensis),

û  de la Gorgebleue à miroir (Luscinia svecica namnetum)

û  du Vanneau huppé (Vanellus vanellus).

Fuligule milouin (femelle) Vanneau huppé Pipit farfelouse Gorge bleue à miroir Tarier des prés  Alouette des champs

 Après seulement trois années de suivi, il fut difficile de tirer des conclusions agriavifaunistiques très parlantes. Mais le rapport final, en mai 2002 notait toutefois les points intéressants suivants dans sa conclusion : "On constate que, curieusement, le Pipit farlouse ne semble pas être un bon choix en ce qui concerne les espèces indicatrices de l'O.LA.E. des Marais de Vilaine. En raison du caractère bio-indicateur de cette espèce, la sélection du Pipit farlouse était pourtant incontestablement pertinente. Mais nous ne l'avons jamais observé ou entendu durant la période de suivi et il s'avère que c'est toute la partie sud des Marais de Vilaine qui est désormais désertée par le Farlouse en période de nidification, situation assez générale en Loire-Atlantique, département presqu'en limite d'aire de répartition de l'espèce, alors que celle-ci est très commune dans le reste de la Bretagne". Cette raréfaction locale de l'espèce, pourtant habituelle lors de l'étude de 1995 préalable à la mise en place de l'O.L.A.E., est difficile à expliquer. En effet, selon l'Inventaire des oiseaux de France, la tendance concernant le Pipit farlouse est à l'expansion. De plus, les prairies des marais étudiés sont propices à sa nidification, notamment ceux des Marioux (Fégréac), du Haut de Clairet (Sévérac), de la Provotaie (Avessac) et dans une moindre mesure, ceux de Casso (Sévérac).

Le Bruant des roseaux est indubitablement favorisé par le système de fossés et de douves avec frange buissonnante et bordure d'hélophytes. A partir du moment où cette structure hydrographique et cette" végétation  compagne" sont présentes, l'espèce est avantagée, quelles que soient les autres modalités des contrats agro-environnementaux.

La Gorgebleue à miroir apprécie elle aussi ces postes de chant et ces lieux d'établissement du nid à proximité de l'eau mais n'est notée pour l'instant que dans 3 stations. A l'instar du Bruant des roseaux, il est fort probable qu'elle soit ici relativement indifférente aux autres modalités des contrats agro-environnementaux et son absence sur l'ensemble des sites n'est sans doute que provisoire, la Gorgebleue étant en phase d'expansion géographique dans les Marais de Vilaine (comme en témoigne son apparition au cours de l'étude sur les stations des Marioux, de la Provostaie et de Haut de Clairet).

Ces 3 stations sont également celles où le Tarier des prés a été observé. Il est lui aussi avantagé par les buissons et formations végétales assez hautes des fossés et bordures des stations échantillons, mais il recherche en plus, les prairies de fauche. La situation hydraulique particulière de la station de Casso, à laquelle s'ajoutent la rareté et le déclin régional de l'espèce, explique certainement l'absence du Tarier dans cette partie des marais de l'Isac, trop « aquatiques ». En ce qui concerne la Bergeronnette printanière et l'Alouette des champs, ce sont avant tout les retards de fauche, au moins à la mi-juin qui semblent favoriser ici les 2 espèces. Par contre, si la Bergeronnette peut éventuellement s'accommoder du caractère très humide des parcelles (comme à Cassoj), c'est plus difficile pour l'Alouette qui, comme le Tarier, est pénalisée par des inondations prolongées.

Quand au Vanneau, la zone de nidification des Marioux est en dehors des parcelles échantillons et lors de l'étude, seule la station de Casso a vu se reproduire l'espèce. C'est sur l'ensemble des Marais de Vilaine que la situation du Vanneau nicheur est très mauvaise. En effet, dans un contexte démographique régional plus favorable (comme celui des années 1950 à 1970), toutes les stations (sauf celle d'Henrieux à Fégréac, peut-être trop bocagère et fermée) pourraient convenir à la nidification de l'espèce, y compris celles concernées par des contrats de fauche, à condition que celle-ci ne soit pas trop précoce (c'est-à-dire postérieure au 15 juin).

L'Office National de la Chasse et de la Faune sauvage participe, depuis 2003, aux travaux de l'observatoire national de l'écosystème prairie de fauche, dont l'objectif est de synthétiser et de diffuser des données enregistrées annuellement dans les régions de France où la gestion des prairies permet encore à des populations nicheuses d'oiseaux prairiaux de subsister. Selon Sébastien Gautier, les dix stations ainsi suivies sur la commune de Rieux dans le cadre de  O.N.E.P.F. sont relativement stables, avec des « indices passereaux prairiaux » (IPP) et une diversité spécifique élevée, plaçant ces stations des Marais de Vilaine au 6e rang des 906 stations françaises suivies en 2005. Sébastien Gautier note toutefois qu’il est cependant très important de rester vigilant, car cette richesse est fragile ; les dates de fauche de plus en plus précoces, la fertilisation azotée, la fauche du regain plutôt que le pâturage sont autant de paramètres qui agissent négativement sur cette diversité.

 Les roselières des Marais de Vilaine accueillent aussi une dizaine de couples de Busards des roseaux (Circus aeruginosus), tandis que les formations arborées, saulaies principalement, permettent à quelques héronnières de s'installer chaque année.

Busard des roseaux

 

Les Héronnières

 

Hérons Cendrés

En 2000, lors du 8e inventaire national des grands échassiers et cormorans nicheurs, Didier Montfort a dénombré 6 héronnières dans les Marais de Vilaine

  1. Coisnauté à Fégréac, avec 26 à 28 nids occupés par des Hérons cendrés et 9 nids occupés par des Aigrettes garzettes (en 1992,12 couples de Hérons cendrés puis, en 1999, de 28 à 32 couples);

  2. Henrieux à Fégréac, avec 3 à 5 couples de Hérons cendrés en 2000 ;

  3. Hôtel Bernard à Saint-Dolay, avec une quarantaine de couples de Hérons cendrés (26 couples en 1997 et 31 en 1998) ;

  4. Caléon à Saint-Jacut-Les-Pins avec 12 à 15 couples de Hérons cendrés (20 couples en 2006 selon S. Gautier, O.N.C.F.S.) ;

  5. Gannedel à La Chapelle-de-Brain, avec 120 à 130 couples de Hérons cendrés en 2000 (100 couples en 1984, 60 environ en 1992, 48 en 1995 et plus de 100 en 1999);

  6. La Brousse à Saint-Nicolas-de-Redon, avec 15 à 20 couples de Hérons cendrés en 2000.

 A noter également la nidification d'un couple de Hérons cendrés depuis 2005, au Guervet en Nivillac (S. Gautier, O.N.C.F.S.).

Même si, comparés à ceux de l'ensemble de la Loire-Atlantique par exemple, ces effectifs sont modestes, ils témoignent cependant de l'intérêt des Marais de Vilaine pour l'accueil, réel ou potentiel, des grands échassiers en période de reproduction.

 Les Oiseaux en Hiver

Guifette noire Héron pourpré Pie-grièche écorcheur

Le stationnement d'oiseaux d'eau concerne surtout les Vanneaux huppés dont les effectifs peuvent atteindre 10 000 individus, mais on peut observer de nombreux autres limicoles en faibles quantités, ainsi que quelques centaines de canards. Même si les effectifs sont faibles, la diversité observée est un bon indicateur de la richesse du milieu. Les facteurs limitant les stationnements de canards sont de deux ordres : inondations rares ou trop brèves, dérangements élevés dûs à la chasse et aux nombreux chemins d'exploitation.

En Halte Migratoire de Printemps

                                                           La chasse est fermée et certains sites peuvent alors exprimer leur potentiel, si les niveaux d'eau sont encore corrects (en mars - avril, ce n'est pas toujours le cas). On peut ainsi observer certaines années, des passages de Canards (pilet, souchet et chipeau), des Oies cendrées et des Barges à queue noire. En mars 1992, les stationnements du Canard pilet dans la vallée de l'Isac ont atteint l'importance internationale. Malheureusement, les niveaux d'eau sont généralement trop faibles dans la Vilaine à cette saison.

 Reproduction

 Les oiseaux les plus intéressants du marais sont des passereaux :

ü  Gorgebleue

ü  Tarier des prés

ü  Locustelle luscinioïde*

  De nombreuses espèces semblent avoir disparu :

ü  Guifette noire

ü  Marouette ponctuée

ü  Butor étoile

ü  Héron pourpré

Toutefois, il n'est pas exclu que certaines d'entre elles puissent se réinstaller sur des niveaux d'eau plus convenables. Les marais gardent un rôle important pour les rapaces comme terrains de chasse privilégiés : Milan noir, Busard des roseaux, Faucon hobereau notamment. Enfin, la dynamique actuelle de la Cigogne blanche dans l'Ouest laisse espérer une future installation.

La Cigogne blanche a niché, sans succès, en 2006 près du Pordor en Avessac.

 

 Des Oiseaux Rares

 La Guifette noire (Chlidonias niger) et la Guifette moustac (Chlidonias hybridus) ont déserté, depuis les années 1970, les Marais de Vilaine où elles nichaient occasionnellement  au lac de Murin. En revanche, la Marouette ponctuée (Porzana porzana) y a été retrouvée en 1991, puis en 1999, avec un total de 3 à 4 chanteurs dans les Marais de Redon, dont 2 à 3 individus dans le Marais de Gannedel. A la même époque, en Loire-Atlantique, une enquête de la LPO 44 (Ligue de protection des oiseaux) mettait en évidence l'existence d'une population départementale préestimée à une trentaine de chanteurs.

Une autre espèce, très rare en Bretagne, la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), non signalée depuis les années 1950 dans les Marais de Vilaine, a également été retrouvée, d'abord en 2001 dans les Marais du Roho à Saint-Dolay, puis lors d'une opération ornithologique concertée en juin 2003, associant une trentaine d'observateurs et permettant d'aboutir à un dénombrement d'environ 14 à 16 couples dans les prairies des marais de Basse-Vilaine. C'est la plus importante population actuellement connue en Bretagne .Au cours du printemps 2006, le suivi de cette espèce sur les seules communes de Rieux, Allaire, Saint-Dolay, Théhillac et Béganne a permis de mettre en évidence la présence de 19 couples.

 

Oies rieuses

Oies Rieuses

                                        L'Oie rieuse, dont la population hivernante des Marais de Vilaine était déjà en diminution dans les années 60 selon Francis Roux (360 individus dénombrés en janvier 1962, 500 en janvier 1955 et 3000 environ au début des années 1950),n'hiverne essentiellement désormais qu'en Champagne humide où se trouvent concentrés plus de 80 % des effectifs français (en dehors des hivers anormalement rigoureux ou des vagues de froid).

Francis Roux notait en 1962, au sujet des prairies inondables bordant la Vilaine en aval de Redon: dans des circonstances climatiques normales, on a peu de chances d'observer l'espèce ailleurs qu'en deux ou trois points bien localisés du Nord-Ouest du territoire: les polders de la Baie du Mont-Saint-Michel, l'Estuaire de la Loire et les Marais de Redon. Seule la dernière de ces localités peut être considérée comme une authentique station d'hivernage, fréquentée fidèlement par les mêmes oiseaux durant toute une saison. Il ne nous a pas encore été donné de nous y rendre entre décembre et mars sans y rencontrer des Oies rieuses.

Et Francis Roux concluait : la fidélité avec laquelle les Oies rieuses reviennent chaque année sur les bords de la Vilaine montre combien le site leur est familier. C'est, à présent, l'un des derniers, l'ultime peut-être, dont l'espèce dispose en France pour hiverner. C'est aussi le point le plus méridional qu'elle atteigne régulièrement en Europe occidentale. Devra-t-elle le déserter à jamais ?

Le principal site français est aujourd'hui le lac du Der-Chantecoq qui, en janvier 2005, a atteint un record de 225 individus, soit 84 % de l'effectif national. La même année, faible hivernage en revanche dans la Baie de l'Aiguillon et à la Pointe d'Arçay : 15 individus; dans la Réserve Naturelle de Saint-Denis-du-Payré : 8 individus; ou sur le cours du Rhin : 6 individus !

 (source : Dénombrements d'anatidés et de foulques hivernant en France, janvier 2005, Wetlands International).

 

Bergeronnette grise juvénile Martin-pêcheur

 

Oiseaux sur le mortier

 

Il  [6]est possible entre autres d'y observer

Hérons Cendrés

 

Martin-Pêcheur Canard Colvert

 

Plusieurs espèces de canards. C'est d'ailleurs dans cette seule partie du cours que l'Oust bénéficie d'espaces naturels remarquables, à savoir une zone naturelle d'intérêt écologique, la vallée de l’Oust faunistique et floristique et surtout la zone des marais de Redon, inscrite comme site Natura 2000 mais qui déborde très largement sur le bassin propre de la Vilaine.

 

Dans la vallée peuvent être observés

 

Mésange Bleue Merle Noir

 

Sittelle Torchepot Pic Epeiche

Pinson des Arbres Fauvette Pitchou

 

Buse Variable

 

 

[1] Histoire des marais

[2] Botanique, surface de terrain faisant l’objet d’une observation, de comptages

[3] Botanique, surface de terrain faisant l’objet d’une observation, de comptages

[4] Histoire des Marais

[5] Histoire des marais

[6] Annales de l’A.P.P.H.R

 

[2] balade-en-marais poitevin